L'utopie est au cœur du festival Cinéduc, qui débute ce mercredi, dans plusieurs lieux de Grenoble et de l'agglo. Gros plan. AM
Quatrième édition pour la biennale Cinéma et éducation (Cinéduc pour les intimes), créée en 2006 à l'initiative de la Maison des enseignants et de l'éducation tout au long de sa vie. Une association qui, à l'origine, déplorait le fait « qu'il n'existait pas en France de festival sur le thème de l'éducation au sens large » (une interview de 2008 de sa présidente Monique Vuaillat retraçant les enjeux du festival est disponible sur notre site internet). Six ans plus tard, à côté des traditionnels ateliers, Cinéduc propose comme toujours pléthore de films, regroupés cette fois-ci autour de la thématique assez large pour ne pas exclure des utopies, "espoirs d'hier et de demain". Un axe entre l'optimisme béat du thème d'il y a deux ans ("le bonheur") et l'austérité didactique des deux premiers ("École et société" et "La famille dans tous ses états"). D'où une sélection 2012 clairement engagée : non d'un point de vue purement partisan, mais d'un autre se plaçant au niveau des idées et des réflexions, refusant catégoriquement de subir des situations imposées et présentées comme inéluctables (exemple actuel : c'est la crise, et c'est comme ça, donc rangez vos espoirs).
Tous ceux qui veulent changer le monde
La plupart des longs-métrages projetés se font l'écho de cette envie tout sauf fataliste de mutation et de développement d'autres modèles. Comme Alphaville de Jean-Luc Godard (1965), œuvre monstre présentant une société rationalisée et dirigée par un ordinateur ; l'hédonique et anticonformiste Les Galettes de Pont-Aven de Joël Séria (1975), avec un Jean-Pierre Marielle au sommet de son art ; ou encore l'incontournable La Rose pourpre du Caire de Woody Allen (1985), sur la force que peut dégager l'art, amplificateur de changements. À côté de ces films de fiction (des classiques comme des contemporains – on retrouve même le poseur Amours imaginaires de Dolan !), Cinéduc offre aussi son lot de documentaires pertinents. Dans cette case, on retient ainsi Squat, la ville est à nous! de Christophe Coello (2011), sur la question du logement, ou encore Les Anges noirs de l'utopie de Michel Le Bris et Michel Viotte (1997), réflexion sur les motivations de la piraterie qui dépasse le folklore traditionnellement accolé à ce mouvement. Une biennale atypique riche de sens en somme.