Jacques Perez : « On a toujours été un peu marginal »

La Soupe aux choux / La Soupe aux choux, c’est le club de jazz de Grenoble, en service depuis trente ans. À l’occasion de cet anniversaire, on est partis à la rencontre du taulier Jacques Perez, pour évoquer entre autres le futur encore incertain de son établissement, du fait des réaménagements en cours à l’Esplanade. Propos recueillis par Aurélien Martinez

Grenoble, quartier de l’Esplanade. Une ancienne épicerie comptoir accueille depuis trente ans un club de jazz d’une cinquantaine de places, dirigé par un Jacques Perez… qui n’a pas prévu de manifestation spécifique pour marquer le coup ! « Comme on avait plein de projets, on n’avait pas envie de faire une journée d’anniversaire, d’autant plus que la salle est trop petite. On a toujours fait un travail constant : c’est donc important que pour ces trente ans, il y ait, comme à l’année, de nombreux évènements qui se déroulent toujours à la Soupe aux choux. Car il s’y passe toujours quelque chose, avec cinq concerts par semaine ! C’est dans notre mentalité de dire que la vie est courte et qu’il faut en profiter. Chez nous, ça groove donc tous les soirs. »

La Soupe aux choux temple du groove : l’idée, au départ, n’était pas forcément celle-ci. « En septembre 1982, on était deux associés [Jacques Perez donc, et Francis Loret – NdlR], et l’on voulait faire un café d’animations ouvert sur tout. Mais comme il y avait beaucoup de musiciens de jazz qui n’avaient pas de local pour jouer, on s’est fait phagocyter comme on dit ! Du coup, ça s’est rapidement transformé en club de jazz. » Un club qui « a tout de suite marché, parce qu’il y avait un public et des musiciens. Et que nous, nous aimions le jazz : le nom du lieu vient d’un roman de René Fallet, qui était un grand amateur de jazz, un grand copain de Brassens. »

« Des gens d’ici »

Pour l’historique, une association fut montée dix ans après l’ouverture, association qui reprenait le nom du Jazz club de Grenoble disparu depuis des années. Puis le Jazz club est parti vers d’autres horizons (il est depuis géré par des bénévoles), et maintenant, une autre association, qui ne reçoit pas de subventions, ne s’occupe que de la programmation de la Soupe aux choux – la partie bar étant gérée par une SARL.

Niveau programmation justement, si quelques noms prestigieux ont fait escale route de Lyon (Chet Baker, Scott Hamilton ou George Lewis pour ne citer qu’eux), la politique du lieu « est de faire passer des gens d’ici ». « De toute façon, on n’a pas les moyens d’amener des musiciens de l’extérieur, si ce n’est lorsque l’on monte des concerts exceptionnels, où des Grenoblois font venir des copains à eux qui jouent au niveau international. Les grands noms que vous évoquez, ce n’était que du copinage ! »

Niveau public, « ça brasse beaucoup, la clientèle évolue, se renouvelle. À côté de ceux qui venaient quand ils étaient étudiants et qui sont toujours là, il y a énormément de jeunes, du fait de la nature de la ville. Et de la région aussi : il y a un conservatoire à Grenoble, et même trois conservatoires de jazz à moins de cent kilomètres – Chambéry, Lyon et Valence. Et il y a un tas d’amateurs. » Un vivier d’artistes important donc, qui permet une programmation constante.

« 2013, 2014… »

Un club qui, depuis 1982, suit son rythme de croisière, toujours de son côté : Jacques Perez et l’ancien Grenoble Jazz Festival (maintenant avalé par le nouveau festival Les Détours de Babel) n’ont par exemple jamais collaboré. « On a toujours été un peu marginal. » Mais un rythme qui, à terme, pourrait être menacé par les projets d’évolution globale du quartier de l’Esplanade – il est vrai aujourd’hui peu accueillant. Les locaux de la Soupe aux choux seront sûrement détruits. « On ne sait pas quand, ce ne sont que des rumeurs. On n’a pas de papier officiel. On parle de 2013, 2014… »

Mais des discussions avec la Ville ont été entamées pour une réimplantation de la Soupe ailleurs. Jacques Perez défend l’idée que la municipalité construise un nouveau bâtiment au pied de la via ferrata de la Bastille, en face de la Soupe actuelle, et qu’elle loue ensuite les locaux à l’association. « Les gens de la mairie ont été enthousiastes lorsqu’on leur a évoqué l’idée. Mais depuis, plus de nouvelles. » Affaire à suivre…

En attendant, le jazz continue à la Soupe, avec notamment le concert ce mercredi 7 mars de Jean-Pierre Bertrand, pianiste de boogie-woogie et blues à la réputation plus qu’excellente, ou encore la venue exceptionnelle le jeudi 22 mars de Marcia Maria, chanteuse de jazz brésilienne, assidue des plus grands festivals du genre. Tous les styles de jazz, toujours.

La Soupe aux choux
7 route de Lyon, Grenoble
Tel. 04 76 87 05 67

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