La semaine dernière, le cinéma Le Club signait son affranchissement de la tutelle du groupe Pathé. Décryptage de cette nouvelle donne, son origine et ses enjeux. FC
Le fait n'est peut-être pas connu de tous, mais jusqu'à mardi dernier, le cinéma le Club, classé art et essai, était une enseigne Pathé. Un établissement atypique au sein du groupe et de ses nouvelles stratégies offensives des années écoulées, une anomalie vouée à subir les mutations du paysage cinématographique, au niveau à la fois local et national. National car une mise aux normes numériques n'était pas à l'ordre du jour ; local car l'ouverture prochaine (annoncée en mai-juin) du nouveau Méliès et de ses trois salles, à quelques foulées de la rue du Phalanstère, n'est pas vécue comme particulièrement rassurante – au point que David Epstein, le précédent responsable des cinémas Pathé de la région grenobloise, en était venu à annoncer de façon péremptoire la fermeture du Club à l'inauguration du nouveau Méliès. L'ambiance était posée. Des tractations sont amorcées, le contrat est finalement signé mardi 6 mars. À l'initiative de trois associés (Patrick Ortega, actuel directeur du Club ; Pierre de Gardebosc, patron de la société MC4 ; Martin Bidou, distributeur chez Haut et Court), le cinéma le Club amorce sa nouvelle vie.
Perspectives
Dans un premier temps, la salle se convertit au numérique – d'ici fin mars, toutes les salles seront équipées, une salle conservant tout de même un projecteur 35mm. Deuxième phase (un mois de travaux prévu cet été), un ravalement de façade au sens propre (comme vous pouvez le voir sur la photo ci-contre) et figuré : le hall sera retapé pour faciliter l'accueil (la gestion de la clientèle est actuellement une gageure bien connue du personnel et des habitués !), les salles 1, 4 et 5 bénéficieront d'un accès handicapé, et les salles devraient également bénéficier d'un coup de neuf. Pour ce qui est de la programmation, on assure bien évidemment que le lieu gardera son empreinte éditoriale affirmée, avec en visée l'obtention du label Europa Cinemas - réseau dont les salles s'engagent à diffuser une majorité de films européens non nationaux. Ce qui permettrait (outre des aides non négligeables pour un projet dont l'investissement, hors rachat, se monte à un peu moins d'un million d'euros) d'ouvrir les venues d'équipes de films, souhaitées nombreuses, à toutes les cinématographies européennes. Enfin, la nouvelle équipe dirigeante, revenue des clivages avec la concurrence, entend affirmer encore plus l'identité du Club comme celle d'un authentique cinéma de quartier, dont la dynamique dans un paysage grenoblois en mutation pourrait favoriser les circulations de public, en bonne intelligence avec les autres salles. C'est bien tout ce qu'on souhaite.