Un coup de chapeau

Le Musée Dauphinois reprend à sa singulière façon l’exposition sur les coiffes ethniques du collectionneur Antoine de Galbert. Régis Le Ruyet

Né à Grenoble, Antoine de Galbert a longtemps tenu une galerie, rue Voltaire. En 2004, ce personnage atypique du paysage de l’art contemporain ouvre à Paris la Maison Rouge. Une fondation qui expose avec succès les grandes collections privées internationales. Où, en 2010, il montre lors de Voyage dans ma tête un fond personnel fascinant, de quatre cents coiffes ethniques des quatre continents, l’Occident étant volontairement absent des choix de recherche du collectionneur. A l’invitation du Musée Dauphinois et jusqu’à la fin de l’été, la reprise de Voyage dans ma tête permet de voir une sélection rare de cent soixante couvre-chefs. Une exposition à laquelle le musée ajoute son savoir-faire ethnographique et historique. Et rappelle qu’à côte de la vision esthétique du collectionneur, ces variétés d’objets employés pour se couvrir la tête marquent le témoignage de pratiques et de rites.

Chasseur de têtes

L’exposition que le collectionneur a réagencée, ouvre par le wall paiting Sur la tête comme au ciel de Jean-Michel Alberola. Une carte du monde naïve et poétique, où l’artiste a apposé les noms des ethnies d’où proviennent les pièces. Chapeau de féticheur africain, parure bleu cobalt et fluorescente d’aristocrate japonaise, jusqu’à la couronne vert métallisé et exubérante d’un roi d’Océanie faite avec 1500 scarabées. Cette installation autour de la coiffure déploie tout le génie de la diversité des peuples dans leur recherche de la beauté. Mais évoque tout autant les signes d’appartenance de caste et les étapes de la vie, à l’image de ce voile de dentelle en crin de cheval confectionnée pour une mariée. Des marques de distinction sociale entre les individus pourtant peu étudiées par les ethnologues. Et qui sont rappelées dans l’exposition grâce à une minutieuse recherche iconographique, ainsi que par la projection de quelques films. La plupart de ces pièces ont été achetées en Europe : des couvre-chefs qui ne sont plus portés aujourd’hui, et qui datent du début du XXe, plus rarement du XIXe siècle. Une démarche qui conduit aujourd’hui Antoine de Galbert à parcourir le monde à la recherche des visages qui auraient pu porter ces chefs-d’œuvres. Une dernière salle hors collection et voulue par le musé referme la visite sur quelques chapeaux des alpes et une morale sous forme de question.

Voyage dans ma tête, La collection de coiffes ethniques d’Antoine de Galbert, du 10 mars au 16 septembre au Musée Dauphinois

 

 

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