La traversée du temps

Après un passage remarqué lors de l’édition 2010 du festival Les Soirées, la chorégraphe Nacera Belaza revient à la MC2 avec un double programme d’une très grande intensité. Rencontre. Propos recueillis par Aurélien Martinez

En juin 2010, lors du festival Les Soirées (coorganisé par le Centre chorégraphique national de Gallotta et la MC2), on découvrait Le Cri de la chorégraphe Nacera Belaza. Pendant trois quarts d’heure, deux interprètes ne faisaient "que" bouger les bras, dans une lente progression. Une véritable claque, à l’intensité incroyable, malgré l’austérité du procédé. Depuis plus de dix ans, Nacera Belaza livre ainsi des pièces brutes, que l’on pourrait rapidement qualifier de minimalisme, alors que… « Je ne dois pas du tout raconter d’histoire, pas divertir. Souvent, on me dit que mon travail est minimaliste, ce qui n’est pas le cas ! C’est juste que pour maintenir une sorte de relation supérieure entre les êtres, ce qui est sur le plateau ne doit pas détourner l’attention. On regarde un objet qui nous renvoie à notre intériorité, à nos expériences… Aller voir une œuvre, c’est aller à la rencontre de son intimité. »

« Une forme d’éternité »

Après le coup d’essai réussi mais confidentiel de 2010 (Le Cri n’a été donné qu’une seule fois, dans le Petit théâtre), la MC2 permet au public de découvrir trois soirs durant deux propositions d’affilée de la chorégraphe : Les Sentinelles et Le Temps scellé. Bien que Nacera Belaza explique ne jamais s’enfermer dans un discours, le fait qu’une de ses créations s’intéresse ouvertement au temps semble couler de source. « J’ai toujours été fascinée par le fait que la notion de temps soit au cœur d’autant d’œuvres. Et je me suis rendu compte au fur et à mesure de mon parcours que j’évoquais aussi cette notion sans le savoir. Car maintenant, en me retournant et en regardant mes pièces comme des objets totalement extérieurs, je constate que l’un de mes objectifs est d’atteindre un endroit où le temps n’existe plus, où les choses pourraient durer à l’infini. Presque toucher une forme d’éternité. Arriver dans un monde où les résistances physiques et émotionnelles cèdent, chez nous [les danseuses : Nacera Belaza et sa sœur Dalila Belaza – NdlR] et chez le public. Quand une pièce parvient à cet endroit-là, elle est libre de s’arrêter. » Il faut donc accepter le parti pris de Nacera Belaza, accepter de se perdre avec elle en mettant de côté nos résistances, accepter que tout ne nous soit pas livré directement sur un plateau. Une fois ce cheminement effectué, ses pièces transmettent alors une émotion rarement atteinte sur scène.

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