La quête du groove

La quête du groove

Figure de proue de la scène électronique grenobloise en activité depuis plus d'une vingtaine d'années, Oxia est de retour dans les bacs avec "Tides of Mind", un très réussi nouvel album sorti sur InFiné, le label fondé par son ami Agoria. On en a profité pour lui poser quelques questions. Propos recueillis par Damien Grimbert

Tu peux revenir sur tes débuts dans la musique ?
Oxia: Ça remonte très loin, vu mon grand âge... À la base, j'ai vraiment grandi avec de la musique black : funk, soul, etc. J'ai commencé à faire une émission de radio à quinze ans, dans les années 80. C'était une émission funk, et peu de temps après, vers 1986, les premiers trucs de house de Chicago sont arrivés. Pour nous, c'était un peu la suite de la funk, on ne s'est pas dit : « tiens c'est une nouvelle musique », on ne s'en est aperçu qu'après. C'était les premiers pas dans la musique électronique. Mais même si mon adolescence a été vachement bercée par la funk et la soul, j'écoutais aussi pas mal de new wave, Depeche Mode, New Order...

Tu as connu l'époque des premières raves ?
Quand j'ai fait l'armée à Paris en 1991-92, j'ai rencontré des gens du Nord qui allaient déjà beaucoup en Belgique, qui ont commencé à m'en parler. Et quand je suis retourné à Grenoble en 1992, ça commençait doucement. En 1993, je suis devenu résident dans un club, le Scotch. L'une des salles ouvrait plus tard dans la nuit, et c'est là que j'ai commencé à passer plus de techno et de musiques électroniques. Du coup, j'ai raté les toutes premières soirées, mais à partir de 1993, 1994, j'ai commencé à faire les premières soirées dans la région.

Et la composition, tu t'y es mis quand ?
Vers 1991, on a acheté du matos – je dis « on » parce qu'on était deux à l'époque, avec Stéphane Deschezeaux – pour faire de la musique. Au début, c'était plus de l'acid-jazz, des trucs comme ça, mais petit à petit, on s'est mis à faire des trucs plus électroniques, et en 1994, on a monté un live et on a joué dans quelques soirées à Grenoble, puis sur la région Rhône-Alpes. En 1995, Kiko est arrivé à Grenoble pour monter son magasin de disques, Ozone Record, et quelques mois après on montait le label du même nom, puis le premier maxi. C'est là qu'on a commencé à tourner en dehors de la région Rhône-Alpes, que ça s'est progressivement développé...

Tu as mis longtemps pour composer cet album ? Le précédent remonte à 2004...
Je n'ai pas mis huit ans, hein, comme certaines personnes pourraient le croire ! (rires). J'ai sorti pas mal d'EPs et de remixes dans l'intervalle, mais c'est vrai que je bosse très lentement, je suis assez pointilleux et il me faut pas mal de temps avant d'être content d'un morceau. Des fois, il faut que je me fasse violence, et je pense que c'est ce que j'ai appris à maîtriser pour cet album. Du coup... C'est difficile à dire, mais en gros l'album s'est fait sur une période d'un an.

Tu savais déjà plus ou moins dans quelles directions tu voulais aller ?
Pas vraiment. Ça faisait un moment que je pensais à refaire un album, mais c'est quand Agoria m'a proposé de le sortir sur InFiné que ça a vraiment déclenché un truc. Le fait que ce soit sur InFiné, un label très large d'esprit, qui sort des trucs complètement différents les uns des autres, ça a forcément influencé la direction de l'album. Je me suis dit que je pouvais me lâcher, faire autre chose que ce que j'avais fait jusqu'à maintenant, et c'est justement ce dont j'avais envie à la base. Bien sûr, dans l'album, il y a quand même des morceaux qui ressemblent à ce que j'ai fait par le passé, mais j'ai aussi pu faire des trucs que je n'aurais pas osé sortir sur des EPs, comme le morceau avec la chanteuse Mesparrow ; ça s'est vraiment nouveau pour moi.

La dimension mélodique est très présente sur tout l'album...
En fait, quand je fais des EPs, il y a des morceaux plus mélodiques que d'autres, mais c'est quand même souvent assez groove, assez rythmique, c'est plus des trucs pour les dancefloors, pour les DJs... Là, pour l'album, je n'avais justement pas envie de faire une collection de tracks dancefloor, je voulais mettre plus de mélodies, des choses plus calmes... Après, c'était pas dit que j'allais y arriver pour autant, mais finalement, ça s'est fait tout seul, au feeling, au fil du temps.

Et pour le choix du titre, Tides of Mind ?
Littéralement, en Français, ça donne « Les marées de l'esprit ». Donc déjà, il y avait un côté poétique qui me plaisait beaucoup, et je voulais aussi que le titre traduise la façon dont la musique influence notre état d'esprit. C'est assez basique comme raisonnement, mais voilà, avec cet album, je suis passé par plusieurs stades, certains où j'étais super bien dans ma vie, d'autres où j'avais des doutes... Le titre traduit tout ça, ces différents états et leur influence sur ma musique, l'influence de la musique sur les gens qui vont l'écouter, le fait qu'elle va les toucher différemment, selon leur propre état d'esprit du moment. C'était l'idée qu'on voulait exprimer, et en cherchant les mots, on a fini par trouver ce titre.

Album Tides of Mind (InFiné Music), sortie le 23 avril

Soirée Party intime avec Oxia, vendredi 4 mai au Vertigo

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