De Rufus Norris (Ang, 1h30) avec Tim Roth, Eloïse Laurence, Cillian Murphy...
Malédiction des fictions puzzle contemporaines : ici, c'est une banlieue ordinaire de l'Angleterre où se jouent les petits et les grands drames d'une dizaine de personnages, avec comme pivot une jeune fille passant de l'enfance à l'adolescence. Ce regard-là est censé apporter une unité au film, mais conduit surtout à un déluge de chromos publicitaires et de voix-off singe savant, tandis que Rufus Norris manipule ses stéréotypes sans jamais chercher à les bousculer : le père violent et sa fille nymphomane et menteuse, le simplet gentil mais victime de la cruauté qui l'entoure, l'avocat quitté par sa femme au profit d'un instituteur plus jeune... Le tout dans un savant désordre chronologique sentant l'exercice de style, qui ne se met en ordre que pour déverser un inquiétant pathos final teinté de bondieuserie naïve. Une fois de plus, quand un film force la sympathie du spectateur, c'est plutôt l'antipathie qui l'emporte.
Christophe Chabert