Apocalypse now !

Sidérante programmation consacrée à la fin du monde au cinéma proposée par la Cinémathèque de Grenoble et orchestrée par le passionnant Jean-Pierre Andrevon, qui a sorti quelques trésors de ses malles et de sa colossale cinéphilie. Christophe Chabert

A priori, la quantité astronomique de films post-apocalyptiques tournés ces dernières années aurait pu suffire à alimenter le cycle entier consacré à la fin du monde par la Cinémathèque de Grenoble. S’il se conclut en effet par deux fleurons récents de ce sous-genre (l’affreux 2012 de Roland Emmerich et le discuté Melancholia de Lars Von Trier), le cycle est constitué de raretés piochées dans tous les âges du cinéma. Ce qui n’étonnera personne quand on aura dit que Jean-Pierre Andrevon, véritable bible du cinéma fantastique, est derrière cette sélection de haute volée, qui prouve si besoin était que la crainte d’un cataclysme ne date pas du moment où une bande de geeks en réseau ont soudain déchiffré les prophéties du calendrier maya. Dès 1916 au Danemark, un cinéaste inconnu tourne une Fin du monde muette (le film a fait l’ouverture du cycle la semaine dernière). Dans les années 50, Hollywood se saisit de la question et produit Le Monde, la chair et le diable réalisé par Ranald MacDougall, où Harry Bellafonte se retrouve seul dans un monde post-atomique, se pensant dernier homme vivant sur la terre. Dans les années 60, la pression de la censure communiste pousse les talentueux cinéastes de la nouvelle vague tchèque à se réfugier dans les métaphores fantastiques, seules capables d’accueillir leur pessimisme fondamental. C’est ce que fait Jan Schmidt dans Fin août à l’hôtel Ozone, imaginant que les derniers survivants d’un cataclysme sont en fait des survivantes qui cherchent à tout prix à perpétuer l’espèce – donc à trouver un «mâle reproducteur».

Dernier(s) homme(s)

De Christian De Challonge, on connaissait Malevil, fable post-apocalyptique un peu lourdingue que l’on a rebaptisée sarcastiquement Malvieilli. On ignorait cependant que le même Christian De Challonge, dix ans avant (1970), avait tourné un autre film qui, déjà, suggérait la fin du monde : L’Alliance. Là encore, loué soit Jean-Pierre Andrevon d’avoir sorti du grenier une telle curiosité. Démontrant son éclectisme, il complète sa sélection avec deux séries B inventives, l’une néo-zélandaise (Le Dernier survivant de Geoff Murphy, grand film au demeurant), l’autre française (Simple mortel de Pïerre Jolivet, étonnant thriller parano tourné à l’époque où le cinéaste avait encore de l’ambition) et une pure vision auteuriste de la question, le très déplaisant Temps du loup de Michael Haneke. Si même les auteurs doublement palmés s’intéressent au problème, c’est que l’heure est grave – et ce cycle, bienvenu !

Cycle La Fin du monde au cinéma
Jusqu’au 30 novembre, à la Cinémathèque de Grenoble

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