De Moussa Toure (Sénégal-Fr, 1h27) avec Souleymane Seye Ndiaye, Laïty Fall...
La misère est le pire sujet que le cinéma puisse filmer. Non pas qu'il faille fermer les yeux, mais la tentation est toujours trop grande que la chose se suffise à elle-même. On s'étonne parfois, encore, que cette sidération automatique de la pauvreté puisse toujours faire l'objet de nouveaux films. Production Éric Névé oblige (Dobermann, Truands, Sheitan, tout dans la finesse), La Pirogue rappelle pourtant que si, il faut une fois de plus se coltiner du cinéma sur des pêcheurs sénégalais migrants sur un boat people de fortune. Huis clos à ciel ouvert ou micro film catastrophe, La Pirogue part du principe que la situation édifiante de ses personnages est un puissant cri d'alarme sur ces hommes quittant leur terre au risque de trouver la mort. Trop écrit, assez vain formellement, le film se réfugie dans une fable humaniste taiseuse dont la lourdeur se cristallise en un plan dans le regard compatissant des sauveteurs de la Croix Rouge.
Jérôme Dittmar