Marques et Spencer

Après huit ans de hiatus discographique, le Blues Explosion de Jon Spencer revient mettre un grand coup dans la fourmilière blues avec le belliqueux et chaudard "Meat & Bone". Et un concert événement à l’Épicerie moderne. Stéphane Duchêne

On se souvient (ou pas, plus probablement) de cette anecdote de Lara Fabian contant la phrase prononcée un jour par son manager et mari de l'époque : «Ensemble, on ira mettre un coup de tête à la Tour Eiffel et un autre à la Statue de la Liberté» – cette dernière n'aurait rien senti et la Tour Eiffel n'aurait pas souffert. Vous ne voyez pas bien le rapport avec Jon Spencer ? Il est pourtant évident, toute la carrière de Spencer ayant consisté à mettre des coups de têtes musicaux à son auditoire. Et aussi quelques bons coups de reins. A produire, au maximum, une sorte de jamboree explosif et, au minimum, un catfight d'amour vache qui finirait sur l'oreiller. On en a un bel exemple avec le clip de Boss Hog où Spencer et sa femme, la canonissime Cristina Martinez, s'ébattent dans le désert après s'être promis raclée et inhumation.

Spencer, diaboliquement beau lui aussi, y apparaît efflanqué comme un chat de gouttière. Il le sera toujours, se permettant même de changer de genre en se faisant incarner par la crevette Winona Ryder dans le clip de Talk About the Blues. Que ce soit avec Boss Hog, donc, Pussy Galore avant cela ou bien évidemment le Blues Explosion, il s'est toujours agi pour Spencer de faire péter les coutures psycho-sexuelles, celles des pantalons mais aussi celles des genres, ici musicaux, qui gravitent autour d'un blues séminal qui se roulerait en hurlant dans les sédiments du Mississippi.

A l'os

Après quelques folles années dont l'acmé fut le sublime... Acme (1998), quelques années de moins bien et quelques autres de séparation que Spencer consacra notamment à jouer les rockabileux avec Heavy Trash, le Blues Explosion est de retour, huit ans après Damage. Et pas seulement pour donner quelques concerts. Non, avec un album à l'os, Meat & Bone, qui se dévore avec les doigts. Le groupe y retrouve son mojo crasseux des premières heures. Spencer, qui ne vieillit que parce qu'il vieillit bien, y joue les atrabilaires comme un Robert Johnson punk qui aurait bouffé le diable (par la queue) au lieu de passer un pacte avec lui ; souffle, râle et feule comme un animal en chaleur et affamé.

Et tout ça, ça (re)devient le Blues Explosion, atomique et bancal, libre comme l'air mais saturé de soufre et prêt à vous en coller plein les ratiches (Ice Cream Killer, ou le terrible Danger) voir partout ailleurs si affinités (Get Your Pants Off, Strange Baby). Meat & Bone parce que la chair est faible et que l'os est aussi dur que cassant. Ou le symbole d'un blues qui laisse des traces, des plaies, des bosses, des bleus.

The Jon Spencer Blues Explosion
A l'Epicerie Moderne, jeudi 29 novembre

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