L'award du meilleur film de l'année : Holy Motors
De Leos Carax, on n'attendait plus grand chose, après treize ans de silence et un Pola X extrêmement décevant. La surprise a donc été de taille lorsqu'on a découvert ce rêve éveillé qu'est Holy Motors, où Denis Lavant se promène à l'intérieur d'un monde qui ressemble à un film (de Carax), incarnant une dizaine de personnages devant des caméras invisibles, passant de l'un à l'autre grâce à une limousine blanche qui, elle-même, finira au garage comme une antiquité d'un autre siècle. Mélancolique et désenchanté dans son projet, Holy Motors est joyeux et gourmand dans son appétit de filmer, sa manière de réinvestir tous les genres pour en livrer des visions uniques, sa façon de réfléchir les grands sujets du moment par la poésie pure et l'évocation inspirée. Une œuvre unique qui a trouvé des défenseurs inattendus (de Jan Kounen à Richard Kelly, et jusqu'aux critiques de Los Angeles qui l'ont élu meilleur film étranger de l'année).
L'award du flop de l'année : Un plan parfait
D'ordinaire, le vainqueur de notre Flop 10 est soit un énorme ratage, soit une très grande déception. Un plan parfait réussit l'exploit d'être les deux : cette comédie lourde comme le plomb, jamais drôle, à la fois improbable et cousue de fil blanc, est le deuxième film de Pascal Chaumeil après L'Arnacœur, qui à l'inverse boostait un genre qui n'avait jamais vraiment pris dans l'Hexagone : la comédie romantique. En cela, il est l'emblème d'un symptôme manifeste du cinéma français en 2012 : l'incapacité de certains cinéastes à donner suite à un succès surprise. Nakache et Mimran (Nous York), Leclerc (Télé Gaucho), Donzelli (Main dans la main) ont tous réalisé des films mal produits, écrits à la va-vite, transformant la spontanéité du film précédent en formule déjà essoufflée. Ils témoignent ainsi de l'emballement industriel qui saisit depuis quelques années la production, où la quête du profit immédiat se marie mal avec la nécessaire maturation d'un vrai projet artistique.
Le Top / Flop de la rédaction à découvrir dans son ensemble
L'award de la meilleure surprise : Un monde sans femmes
Au Petit Bulletin, on a toujours défendu le metteur en scène Vincent Macaigne et sa fougue trash. Un artiste énergique et entier, en tension permanente. Le retrouver en février dernier en simple acteur dans un moyen-métrage où il campait un personnage doux et fragile aux antipodes de l'image qu'il dégage était donc pour nous une surprise. Une très agréable surprise, tant le premier film de Guillaume Brac est réussi et sincère. À (re)découvrir en DVD.
L'award du meilleur multiplexe art et essai : Le Méliès
Fauteuils confortables, salles climatisées, espaces spacieux et lounges... Ouvert en juin dernier, le nouveau cinéma Le Méliès, installé dans la Caserne de Bonne, en met plein la vue avec ses trois salles. Un équipement haut de gamme beaucoup plus adapté que l'ancienne salle de la rue de Strasbourg. Du coup, c'est tout le paysage des salles art et essai qui se redessine à Grenoble. Le Club va ainsi se payer un lifting très prochainement – il en a besoin. Pourra-t-on lui décerner le même award en 2013 ?