Connu pour être le frontman du groupe Nubuck, le Rhônalpin Chris Gontard débarque seul avec un album décalé et ludique. Du coup, il faut désormais l'appeler Gontard!... Petit point sur la question, avant son concert. Laetitia Giry
Petit pas de côté pour Chris Gontard, la sortie de l'excellent album Bagarre Lovesongs marque un tournant individuel salutaire. « Dans les Nubuck [groupe sur lequel au Petit Bulletin on a toujours été dithyrambiques – ndrl], j'écris une partie des morceaux non négligeable (mélodie et chant), sachant que je ne suis pas musicien, je travaille à partir de samples et de boucles que je travaille à la maison et que l'on réarrange ensuite avec le groupe. » Ce qui était la matière première dans le cadre de Nubuck devient ici le résultat final. Ce qui était simple ébauche est livré tel quel, en version brute, par un Gontard ! qui a décidé d'assumer pleinement le côté lo-fi de ses productions personnelles : « J'enregistre tout chez moi de manière assez frénétique, et j'ai désormais du matériel de bonne tenue »... Raison pour laquelle trente morceaux sont réunis sur un CD vendu avec l'impression des textes en format journal. Une originalité propice à la conquête d'un public appréciant les bidouillages et les idées faites objets...
L'archiviste fou
Les samples évoqués ci-dessus (boucles de sons de films ou de musique) sont associés à sa prose : « J'ai des milliers de disques chez moi, je suis un collectionneur de sons, j'archive beaucoup de choses et sample énormément tout le temps. À côté de ça, j'écris, j'ai toujours un petit carnet sur moi, je glane des mots par-ci par-là... C'est le télescopage des deux qui fait ce disque. » Les sons qu'il revisite proviennent « de morceaux qui [lui] parlent et [lui] font du bien » – un bien qu'il compare avec humour à une « psychanalyse musicale ». De la bossa nova aux films hollywoodiens, avec une tendance marquée pour les années 70, leurs « radios qui grésillent », leur « culte de la liberté, de l'anarchie », les plages sonores offrent à l'auditeur un voyage vif et saturé. Si Gontard ! affirme que « les suites d'accords qui [le] touchent sont toujours un peu dans des teintes mélancoliques », force est pour nous de constater la force de l'écart entre des morceaux pleins de fantaisie et d'autres en effet plus sombres. Des morceaux courts pour la plupart, non pas par instinct de rébellion contre le format habituel, mais juste pour le plaisir de s'arrêter quand ça lui chante, de composer sans carcan la structure et le fond de ce qu'il défendra sur scène.
La cage au tigre
Ce samedi, le public grenoblois aura les honneurs de son premier concert tout seul. « C'est tout neuf et assez excitant » ! Ce dernier s'annonce détonant, « entre la lecture pop, le happening et le concert, assez proche du stand-up ». Un concert hors normes dans lequel Gontard ! souhaite surtout mettre ses textes en avant, faire en sorte qu'ils soient audibles. Un choix qui nous semble judicieux au vu de leur spontanéité et de leur propension à créer des petits mondes : une ambiance, un texte, une histoire sans début ni fin... Un peu à l'image de leur créateur.
Gontard !, samedi 26 janvier au O'brother Kfé