Avec "Bagarres Lovesongs", le leader des Frères Nubuck moleste la chanson française avec talent. On en redemande !Aurélien Martinez
Un album libre, audacieux, qui paradoxalement ne joue pas la carte de la grandiloquence : c'est ainsi que l'on peut résumer ce Bagarres Lovesongs de Gontard!. Trente morceaux aussi variés les uns que les autres, avec comme point commun d'être très courts – la plupart ne dépassant pas les deux minutes. « J'ai jamais aimé finir le travail, ça me plaît de laisser une chanson à moitié faite, les tripes à l'air » se justifie-t-il sur Le Soleil revient, qui ouvre l'album. Car Gontard ! s'arrête quand bon lui semble, même quand les lois de la musique paraissent enfreintes – son Hell's Angels est un très bon exemple.
Alors bien sûr, tout n'est pas au même niveau, mais certains morceaux sont de véritables fulgurances que l'on ne cesse de se repasser en boucle depuis que nous avons reçu l'album. On pense notamment aux chansons Pigeon Zaïre (sur un air du Klub des Loosers), Mami Satan (sur du Bernard Ischer !) ou encore Sous influence russe, basé sur le déjà très barré The Anthem d'Onra. En toute subjectivité, on retient aussi deux titres à la mélancolie lyrique efficace : Boom, où la verve de Gontard !, mi-chantée, mi-slamée, s'accorde à merveille avec les accords sobres d'un piano, et Les Oiseaux de la tristesse (le nom parle de lui même), sur la bande originale du film Cercle rouge.
Bien sûr, on pourrait lister l'ensemble des mélanges plus ou moins saugrenus qu'a concoctés Gontard !, mais 1/ ce serait fastidieux à lire, et 2/ aucun mot ne pourra remplacer une écoute. On vous invite donc à plonger dans cet album enthousiasmant pour la chanson française. Eh oui, Gontard ! fait bien de la chanson française, sans prétention ; avec une énergie créatrice qui renvoie la grande majorité des autres musiciens français à textes au rang de produits interchangeables non inspirés. Bel uppercut.
Bagarres Lovesongs, by Gontard!