De et avec Jean-Claude Brisseau (Fr, 1h31) avec Virginie Legeay...
Visiblement brisé par ses démêlées judiciaires et abandonné par ses producteurs, Jean-Claude Brisseau adopte une posture radicale : un film tourné entièrement chez lui, avec une actrice principale, deux trois acteurs secondaires et lui-même dans le premier rôle masculin. Il en assure par ailleurs les prises de son « sauvages » et les effets sonores fantastiques.
Si le Brisseau période "je filme la jouissance des jeunes filles" évoquait un Bénazéraf auteurisant, cette Fille de nulle part fait penser à du Jean Rollin. Mêmes percées ésotériques cheaps, même dissertations pénétrées sur le Diable, Dieu, la philosophie... Et même amateurisme dans le jeu, puisque Brisseau est de loin le plus mauvais acteur qu'on ait vu sur un écran. Difficile du coup de ne pas exploser de rire à chacune de ses répliques, tout comme il n'est pas évident de le suivre dans ses délires mystiques.
Parfois, quelque chose d'authentique et de touchant traverse l'écran, et on a même un bref instant les cheveux qui se dressent sur la tête... Mais Brisseau est rattrapé par l'inconséquence de son scénario (une scène hilarante le montre haranguant la mort dans son salon !) qui fait de La Fille de nulle part un nanar d'auteur – donc sympathique au trentième degré.
Christophe Chabert