Indo boutonneux

Indochine + Carbon airways (1ère partie)

Summum

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Quand on n'est pas fan, Indochine, c'est le Vietnam. Pourtant, malgré une éclipse dans les années 90, le groupe de Nicola Sirkis est depuis 30 ans l'un des grossistes de la variété française, cultivant avec science un jeunisme universel. Stéphane Duchêne

Le dernier album d'Indochine, Black City Parade, fait l'unanimité. C'est du moins le Figaro qui le dit dans une chronique essentiellement constituée de tweets de fans enamourés. Pour Gala, cité par le Figaro, et dont les critiques musicales se limitent souvent à une photo volée de Pascal Obispo le kiki à l'air à Lacanau ou de Patrick Bruel mâchonnant les amygdales d'un porte-manteau devant l'Hippopotamus de la Place de Clichy (exemples non contractuels), Indochine « impressionne » (sic), « se maintient au sommet » (sick) et « fait figure d'exception dans le paysage musical actuel ».

Là, il serait pure mauvaise foi de ne pas acquiescer : en terme de ratio talent/succès public, Indochine est même un mouton à cinq pattes, un griffon, une chimère. Son succès dans les 80's ? D'une, à l'époque, le tube avarié se refourgue comme le cheval roumain aujourd'hui. De deux, Indo est à la new wave ce que les yé-yé furent au rock'n'roll : un vulgarisateur et un poisson pilote – lequel devrait s'appeler poisson-passager, se ventousant à plus grand que lui pour ramasser les miettes du festin. Celles d'Indochine furent grosses, avant la grande purge des années 90 qui, pour les plus chanceuses comètes 80's, s'achève aujourd'hui dans les tournées pour idoles avariées.

Bob Maurane

Pour Indo, qui vend alors toujours même si dix fois moins, le miracle survient en 2002. La goule noire (Placebo, Marilyn Manson) redevenant porteuse chez le boutonneux, le groupe s'engouffre, bien épaulé sur Paradize par d'improbables bienfaiteurs (Mickey 3D, Murat, Manset), et refait un carton trimbalé jusqu'au Putain de Stade (de France) et jamais remballé depuis.

Une seconde jeunesse qui est surtout celle, éternelle, de Nico Sirkis : à 53 ans, ce Dorian Gray sans nuance, qui tweete de la duckface à la minute quand il ne s'écharpe pas avec... Maurane (la chanteuse, pas Bob) – est d'une inébranlable constance : il continue de se coiffer comme une shampouineuse et chante toujours comme un bidet à l'heure où le rince-cul est devenu aussi obsolète que sa musique, mais parvient encore à aimanter trois générations d'ados.

C'est là la force d'Indochine : abolir les frontières de l'adolescence, en distillant le présent perpétuel d'un immarcescible jeunisme, à la fois hors du temps et saupoudré d'ère du temps. Sa faiblesse, moins tautologique qu'il n'y paraît : si on n'adore pas, on abhorre. Quand RTL annonce que la version collector de Black City Parade est « épuisée » – ah mince ! – on ressort de ces 17 (!) titres visiblement produits dans une salle de bain doublement carrelée, dans le même état. Plus qu'épuisés même : aussi rincés qu'après un passage au bidet.

Indochine, mercredi 27 février à 20h, au Summum

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