La Maison de la radio

La Maison de la radio
De Nicolas Philibert (Fr, 1h43) documentaire

24 heures à l’intérieur de la « maison ronde » à l’écoute des diverses antennes de Radio France : Nicolas Philibert signe un beau documentaire où l’on regarde ce que produire du son et de la voix veut dire, de l’anecdote à l’essentiel. Christophe Chabert

C’est une maison ronde accrochée à la Seine… Celle de Radio France, un bâtiment mythique pour un service public qui, pour une fois, n’est pas en crise. C’est même un média en pleine santé que filme Nicolas Philibert, comme si la radio survivait à tout, marasme de la presse écrite, explosion d’Internet, prolifération de l’information personnalisée et socialisée…

La Maison de la radio est ainsi un documentaire allègre qui recrée par le montage la polyphonie des stations à travers une chronologie allant du rituel 7/9 d’Inter à sa préparation le lendemain, traversant les murs pour y attraper des sons, des voix et des corps. Démarche casse-gueule : en révélant les visages de ces hommes de parole, Philibert prend le risque de tuer l’illusion ou de sombrer dans le clin-d’œil complice. Tiens, c’est lui, Philippe Lefébure ? Et ce Hervé Pochon qui va interviewer sur le toit d’un immeuble un photographe d’orages, il se promène toujours comme ça avec son magnéto autour du cou ?

Heureusement, le choix de zapper d’une antenne l’autre, de s’aventurer hors des murs de la Maison ronde ou au contraire d’en explorer les sous-sols et les recoins dessinent un véritable propos : qu’est-ce que ça veut dire, produire du son ?

Silence, on écoute !

Le plus beau passage du film consiste ainsi à regarder la « metteuse en son » d’une fiction radiophonique obsédée par la pureté du silence qui entoure la voix du comédien Éric Caravaca. Comme si la production sonore demandait aussi une attention à son inverse absolu : la densité d’un espace vide et infini que l’on peuple temporairement de notes et de mots. Une idée qui trouve écho sur un mode comique lorsque le bruit des travaux alentour interrompt subitement tous les enregistrements.

L’extérieur doit aussi être soumis au contrôle, à la patience et à la méticulosité : un chasseur de sons passe ainsi une nuit dans une forêt à enregistrer cris d’animaux, bruissement de feuilles et vent dans les arbres… Fasciné et amusé, Philibert peut filmer aussi bien de peu ragoûtantes conférences de rédaction où chacun défend un maigre bout de gras ou révéler l’envers pittoresque du Jeu des mille euros – à hurler de rire.

La Maison de la radio ne cherche pas à faire le tour de quoi que ce soit (l’actualité, du Printemps arabe au Tsunami japonais, y est fondue dans le flux du quotidien), juste à trouver des angles signifiants pour embrasser son sujet : le mystère radiophonique, finalement intact.

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