Le soldat rose

Réflexion sur la détermination de la personnalité par l’éducation, décorticage en règle des représentations de la norme, le film documentaire "Pêche mon petit poney" aborde avec un décalage bienvenu ces questions fatalement liées à celle de l’homosexualité. Rencontre avec son réalisateur et sujet principal, Thomas Riera. Propos recueillis par Laetitia Giry

Pourquoi avez-vous choisi de faire de votre film une enquête sur Pêche, votre petit poney jouet ?
Thomas Riera : J’avais envie de parler du moment dans l’enfance où l’on se rend compte que l’on est homosexuel, sans avoir forcément les clés pour le comprendre. C’était surtout par rapport à mon vécu, mais aussi parce que je constatais que les médias évoquaient de plus en plus le coming out, mais jamais les désirs d’avant l’adolescence… Or, un gamin de cinq ou six ans peut en avoir. Je me suis donc penché sur ma propre histoire et me suis souvenu que je n’en parlais à personne, sauf à ce petit poney.

C’est un film autographique donc, mais quelle en est la part de fiction ?
Les récits d’enfance sont tout à fait autobiographiques. Après, pour faire un film, il a fallu sortir un peu de l’intime et rencontrer quelque chose de plus grand. En termes de mise en scène, pour la scène dans le magasin de jouets, on avait prévu une certaine disposition des caméras (dans notre dos) mais pas préparé les répliques. Cela dit, je savais à peu près ce que l’on me répondrait car j’avais au préalable fait du repérage sans caméra, et vécu cette scène dans plusieurs magasins, pour obtenir toujours les mêmes réponses à mes questions : les jouets roses sont prévus pour les filles.

Que pouvez-vous nous dire sur l’étonnant personnage qu’est la collectionneuse de petits poneys ?
Je l’ai trouvée sur un forum sur internet. Il y a un peu de folie dans sa collection, et en même temps je savais qu’elle regarderait mon poney autrement que comme un simple jouet. Je trouve qu’elle apporte beaucoup au film, car c’est la seule qui parle de ce poney en disant qu’il a été choyé et aimé.

Y a-t-il eu des imprévus en cours de tournage ?
Oui, celui que j’appelle l’enfant mystère par exemple [qui chante dans le clip Mon petit poney : Thomas pense que c’est un garçon, part à sa recherche et découvre que c’est une fille  ndlr]. Il m’a permis de me rendre compte que même moi, à 28 ans, j’avais des sortes de stéréotypes : je vois un enfant aux cheveux courts et je me dis que c’est un garçon. Nos représentations sont tenaces.

Pêche mon petit poney
samedi 13 avril à 19h au cinéma Le Club, en présence du réalisateur
Dans le cadre du festival Vues d'en face

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