Le concert du rappeur D'de Kabal ce mardi marque la première étape d'une collaboration entre l'artiste et la Régie2C (en charge des salles Le Ciel et La Chaufferie), vouée à la valorisation du hip-hop au sein de la structure municipale. Explications.
Tout a commencé par la découverte d'une (bonne) surprise au sein de la programmation de la déclinaison grenobloise du festival Les Femmes s'en mêlent : la présence d'une soirée réunissant deux talentueuses rappeuses anglaises Roxxxan et Lady Leshurr. Un événement heureux, mais pas isolé, puisqu'il est suivi cette semaine non seulement par un concert de D'de Kabal (figure à la fois historique et singulière du rap français en activité depuis plus d'une vingtaine d'années), mais également par une rencontre entre l'artiste et différents partenaires potentiels afin de « co-construire un ensemble d'actions culturelles qui seront mises en place au cours de la saison prochaine ».
Si l'on ajoute encore à cela la mise en avant d'un "parcours hip-hop", fruit du travail de la Régie2C et de plusieurs acteurs locaux du mouvement, le doute n'est plus permis. À partir de ce printemps, le rap a désormais droit de cité au sein de la structure, et se retrouve même mis à l'honneur, histoire sans doute de compenser le retard accumulé dans le domaine jusqu'à présent.
Objectif rap
Si l'on a bien entendu accueilli la nouvelle avec enthousiasme, difficile toutefois de se détacher d'un certain scepticisme, tant le genre a été maltraité et instrumentalisé aussi bien par les médias généralistes que les structures officielles. Mise en avant systématique de sa seule dimension socioculturelle au détriment de sa valeur artistique, opposition simpliste entre les bons rappeurs conscients férus de slam et de poésie et les méchants rappeurs violents et amateurs de bling-bling... Rares sont ceux finalement (et ce même parmi ses acteurs) prêts à reconnaître que la scène est tout simplement aussi diversifiée, complexe, riche et ambiguë que tout autre forme de musique actuelle.
Interrogé à ce sujet, Laurent Simon, directeur de la Régie2C, joue la carte de la modestie : « C'est vraiment une saison test, on n'arrive pas en terrain conquis. On va essayer des choses, rencontrer des gens, voir ce qui marche et ne marche pas, là où on peut être complémentaire... On est vraiment dans l'expérimentation. » Et précise d'emblée qu'il est « hors de question de reléguer le hip-hop dans un rôle uniquement socioculturel ». Des propos plutôt rassurants, qui, couplés à la prise de risque réelle (mais ô combien payante !) constituée par la programmation récente de Roxxxan et Lady Leshurr, laissent à penser qu'on a – a priori – affaire à une réelle volonté d'investissement dans le domaine plus qu'à une simple opération de communication.
D'de Kabal
mardi 16 avril à 20h30 à la Chaufferie, entrée libre sur invitation (laregie2c@regie2c.com)