Patrick Deville, la littérature avec estomac

Peste & choléra

Théâtre de Grenoble

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Pour sa onzième édition, l’incontournable Printemps du livre, sous-titré cette année "Espèces d’espaces", fera une place de choix à l’écrivain Patrick Deville. "Peste & Choléra", son excellent roman couronné du prix Femina 2012, sera ainsi lu par Denis Lavant sur la scène du Théâtre municipal, au côté de Deville lui-même.

Quand certains ont besoin d’être cloitrés pour penser la moindre ligne, Patrick Deville, lui, court le monde pour élaborer ses récits. Des récits qui sont alors nourris des paysages qu’il parcourt, des destins qu’il découvre... Mais Patrick Deville sait aussi se transformer en rat de bibliothèque pour cerner au mieux son sujet, ce dernier ayant toujours un rapport avec l’Histoire, la grande.

Pour Peste & Choléra, il s’est intéressé à la figure méconnue d’Alexandre Yersin, cet insatiable voyageur et aventurier en blouse blanche qui découvrit le bacille de la peste en 1894 à l’Institut Pasteur. « Pour écrire le roman, j’ai travaillé aux archives de l’Institut Pasteur. Puis j’ai pisté Yersin un peu partout : en Suisse, en Allemagne, en Asie... » Des recherches factuelles minutieuses, bien que le résultat soit avant tout un roman, et non une biographie. « Évidemment, c’est un roman, avec des intuitions purement littéraires. Comme par exemple le parallèle que je fais entre Yersin et Rimbaud... » Ou encore le fait que Deville dessine en filigrane l’histoire artistique d’une époque, en évoquant la poésie donc, mais aussi la peinture...

« Des sujets, il en pleut ! »

L’histoire artistique, et l’Histoire tout court d’ailleurs, Peste & Choléra embrassant plus d’un siècle. « En toile de fond du récit, il y a les trois guerres – 1870, 1914 et 1940. Et même si Yersin meurt en 1943, j’invente ce personnage du Fantôme du futur qui me permet d’écrire sur le Viet Nâm en 2012. » Car l’auteur ne se contente jamais d’une seule figure pour ses romans, qui se recoupent entre eux. Et construit ainsi, pièce après pièce, une œuvre monstre. « Tous les livres constituent des chapitres d’un livre unique. Les Pasteuriens [du nom de ceux proches de Louis Pasteur, comme Yersin – ndlr], je les connais depuis longtemps. Je me suis dit que c’était le bon moment pour leur consacrer un livre. Yersin apparaît notamment à la fin de Kampuchéa [son précédent ouvrage, consacré au jeune aventurier français Henri Mouhot qui découvrit les temples d'Angkor en 1860 – ndlr]. »

Yersin aujourd’hui, Henry Mouhot hier, et avant eux l’explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza (Equatoria, 2009) ou encore le flibustier américain William Walker (Pura Vida, 2004). « Des sujets, il en pleut ! Je suis toujours sur au moins quatre livres à la fois, dans quatre zones du monde très différentes... Car tout cela est très long, ce sont des allers-retours entre le terrain et la bibliothèque... Le prochain sera un livre mexicain sur lequel je travaille depuis de nombreuses années. »

Au sommet de la vague

Peste & Choléra est une œuvre exigeante et passionnante qui s’offre au lecteur le plus sobrement du monde – aucun présupposé scientifique n’étant requis. Une œuvre qui a reçu le prix Femina l’an passé, confirmant la place de plus en plus importante que Patrick Deville occupe dans le paysage littéraire français – d’où un succès public qui va croissant (sa première venue à Grenoble en 2010 s’était faite devant une vingtaine de personnes seulement). « J’en suis très heureux. On n’écrit pas pour quelques happy few. »

Que le Printemps du livre ait eu la judicieuse idée de proposer une lecture de son roman arrive au moment opportun. Que le lecteur choisi soit Denis Lavant, l’un des comédiens français les plus atypiques, semble être une évidence. « J’aime beaucoup son travail. Je lui avais demandé, lorsque j’avais organisé en 2009 le centenaire de Malcolm Lowry, de lire un extrait de Sous le volcan. Je lui avais ensuite envoyé un exemplaire de Peste & Choléra, et c’est le Printemps du livre de Grenoble qui lui a proposé cette lecture. » Une lecture prévue pour deux voix : Lavant lira des passages de Peste & Choléra, quand Deville portera la parole de Yersin à travers des extraits piochés dans la correspondance conservée à l’Institut Pasteur. Une rencontre au sommet pour l’un des plus grands romans de l’année dernière.

Lecture de Peste & Choléra, samedi 13 avril à 20h, au Théâtre municipal

Rencontres avec Patrick Deville samedi 13 à 11h (Médiathèque L’Odyssée, Eybens), dimanche 14 à 11h (Maison du Tourisme) et 14h30 (Salle Juliet Berto)

À lire : l'édito du Petit Bulletin n°884, pour comprendre le titre de cet article! http://bit.ly/1q5qqyc

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 22 septembre 2015 Un an après la sortie de "Viva", l'auteur français coutumier des « romans d’aventure sans fiction » viendra parler du Mexique, de Trostky et de forcément plein d'autres choses.

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X