Cabaret frappé – jour 4 : des hauts et un bas

Soirée cosmopolite jeudi au Cabaret frappé, avec un concert sous le chapiteau aux couleurs du reggae et un autre sous le kiosque plus oriental... et décevant. Aurélien Martinez (sur Riff Cohen) et Eloi Weiss (sur le reste !)

Elle avait tout pour lancer les hostilités du jeudi avec talent. Soit « un sac rempli d'influences héritées de ses multiples origines (Afrique du Nord, Sud de la France) et d'une immense culture rock que la jeune femme trimbale, quelque part entre une Camille gnaouie, Muriel Moreno (Niagara), une Natacha Atlas punk et la Claire Boucher de Grimes » comme on l’écrivait avec enthousiasme dans notre numéro festival. Sauf que, malheureusement, la sauce n’a pas pris au Cabaret frappé.

Devant des Grenoblois comme toujours nombreux (les concerts gratuits de 19h, sous le kiosque, sont extrêmement suivis), Riff Cohen (puisque c’est d’elle qu’il s’agit) n’a pas su captiver l’audience, malgré les très bons musiciens qui l'accompagnaient. La faute à une approche de la scène chancelante et peu investie (il faut de la maîtrise pour s’imposer à des personnes pas forcément là pour la musique), la chanteuse semblant victime d’un buzz qu’elle n’arrive pas encore à digérer (la vidéo de son tube À Paris a été visionnée plus d’un million de fois en quatre mois !).

Reste tout de même l’univers fort, qu’elle finit par effleurer à la fin de son concert, commençant enfin à convaincre un public jusque-là pas du tout concentré (contrairement aux autres soirs). Et si la première version de son À Paris, donnée en milieu de set, est passée inaperçue, la reprise de la chanson avant de clôturer le show s’est avérée plus convaincante – et ce même si la sécurité lui a refusé de laisser monter des gens sur scène.

Avec Riff Cohen, on est donc proche du cas Lescop (même si leurs musiques n’ont rien à voir), ce dernier ayant mis du temps pour véritablement s’imposer sur scène (comme on en a eu la preuve mardi au Cabaret frappé). On espère donc retrouver Riff Cohen dans quelques mois, et enfin découvrir l’artiste qu’on espérait.

Sous le chapiteau

U-Roy c'est toute une époque. Un Jamaïcain jusqu'au bout des dreads, le cœur plein de bons sentiments religieux...  Et puis surtout une musique deejay qui a fait son chemin. En effet, en 1970, U-Roy est le premier à réaliser des tubes dans ce style. Il développe dans les années 60 le sound system de King Tubby (dit à l'origine du dub), et se rend ainsi célèbre.

U-Roy a 71 ans quand il entre sur la scène du Cabaret frappé ce jeudi 25 juillet. Une grande serviette blanche à la main, il ne cesse de s'éponger le front avec, la laissant parfois traîner sur le micro, voilant au public une partie de son visage. La démarche est lente, le regard fatigué mais brillant d'émotions. Un batteur, un guitariste, un pianiste et un chœur composé d'un homme et d'une femme : tous sont très bons musicien. Le sample est solidement assumé : c'est un retour aux sources.

U-Roy apporte un flow plus puissant, dit à l'origine du rap, qui, comme le veut la coutume, nous transmet de pieux sentiments, des inévitables messages de paix, et un sourire immanquable au creux des lèvres. Une musique de rastas avec un style bien particulier, mais qui permet de danser sans retenue, emporté par une rythmique des plus transcendantes. On remarque d'ailleurs que le reggae ne se danse pas véritablement, c'est un déhanchement du corps sans gêne, accessible à tous (oui c'est démocratique). U-Roy au Cabaret frappé réussit à transporter tout le public dans cette sorte de transe communicative.

En première partie, toujours sous le chapiteau, Winston McAnuff. Bien moins abyssal. Un beatboxer avec un sourire étrangement joyeux et l’accordéoniste Fixi (du groupe Java) accompagnent ce Jamaïcain arrivé récemment sur la scène française (en 2000). Une sonorité cependant très surprenante, le son de l'accordéon apportant un grain musette plein d’énergie. Un bon moment avec eux trois, même si l'on n'a de cesse d'attendre que vienne souffler puissamment l’accordéon, resté une bonne partie des chansons dans l'ombre du piano. Une musique sinon très correcte, énergique, intéressante dans sa nouveauté, qui permet de danser encore une fois librement.

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