« L'art à la maison »

Quoi de neuf à l'artothèque ? Dernières acquisitions

Bibliothèque Kateb-Yacine

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Depuis 1976, l'artothèque de Grenoble assure un service de prêt d'œuvres d'art contemporain, estampes et photographies des années 1950 à nos jours. Si le service est méconnu, son rayonnement dans le monde de l'art contemporain est croissant. Dimitri Crozet

« Artothèque », ce néologisme est encore peu connu. « Quand j'ai dit aux gens autour de moi que j'allais travailler dans une artothèque, ils n'ont pas compris » raconte Anne-Marie Guigue, gérante de l'artothèque de Grenoble. Le principe est plus simple que le nom : pouvoir emprunter une œuvre d'art, de la même façon qu'on emprunte un livre à la bibliothèque. Le but : « l'art à la maison, mais en original ». Et ce pour une période de trois mois, pendant laquelle trois œuvres peuvent être empruntées par un particulier. À sa charge, le transport et l'assurance de l'œuvre.

L'artothèque de Grenoble peut se targuer d'avoir été l'une des pionnières en la matière. Créée en 1976, implantée depuis 2005 dans la bibliothèque Kateb Yacine à Grand'Place, elle propose aujourd'hui 1100 estampes : des gravures, des lithographies (reproductions de gravure sur papier) et des sérigraphies (impressions de motifs sur papier). 750 photographies complètent le catalogue.

Artistes régionaux mais pas que

« La moitié de notre collection est sortie », se réjouit notre guide. Pourtant, les œuvres ne manquent pas dans ce coin de la bibliothèque, à l'intérieur du couloir consacré à l'artothèque dans lequel estampes et photographies sont présentées. Tous les styles, tous les sujets : photographies de corps, de paysages, poèmes au rouge à lèvres... Certaines œuvres sont accrochées au mur. D'autres, posées au sol, peuvent être consultées, feuilletées en quelque sorte, avant emprunt. Un service original né dans la fin des années 1960 dans la vague de démocratisation de la culture voulue par André Malraux, puis développé dans les années 1980. Certaines artothèques, comme à Grenoble, sont implantées au sein de bibliothèques municipales. D'autres sont indépendantes et font office de centres culturels en proposant divers ateliers à leurs habitués. Pied de nez de la province au parisianisme, la capitale n'en possède aucune alors que huit artothèques sont recensées sur la seule région Rhône-Alpes.

Le choix des œuvres proposées aux emprunteurs se fait selon un critère central : représenter l'art contemporain depuis les années 1950. D'autres critères entrent en ligne de compte : la mise en avant des photographes les plus renommés ; les choix effectués par les galeries avec lesquelles l'artothèque travaille régulièrement (le Réverbère à Lyon par exemple) ; ou encore la mise en valeur de productions locales. 20% des œuvres proposées proviennent en effet d'artistes de la région, qui font parfois eux-mêmes la démarche de proposer leurs travaux à l'artothèque. La cohérence générale du catalogue de l'artothèque tient à ces critères, avec une richesse nourrie par plus de 30 années d'œuvres sans cesse renouvelées.

« La photographie est notre axe fort » 

Estampes et photographies sont empruntées à part égale, mais « la photographie est notre axe fort ». Depuis les années 1980, l'artothèque de Grenoble se concentre plus spécifiquement sur cette forme. Pourquoi emprunter des estampes ou des photographies pour seulement trois mois ? Deux raisons principales selon la gérante du lieu. La première est la découverte d'artistes et de travaux et la possibilité de posséder des œuvres originales pendant un temps et sans se ruiner. Une démocratisation de l'art, mais aussi, deuxième raison, un bon moyen de faire varier sa déco. Les particuliers ne sont d'ailleurs pas les seuls à profiter du service qu'est l'artothèque. Des collectivités, aussi bien mairies qu'écoles, empruntent régulièrement des œuvres. Qui sont également « très appréciées sur les lieux de travail ».

Les œuvres de l'artothèque sont aussi prêtées à des musées, pour des expositions : actuellement plus de 80 d'entre elles se trouvent au Musée d'art contemporain de Montélimar pour l'exposition Épreuves d'artistes. Le symbole d'un rayonnement qui dépasse aujourd'hui la ville de Grenoble. Mais si l'accès aux œuvres se démocratise reste pour le grand public à se familiariser avec ce mot : « artothèque ».

L'artothèque, bibliothèque Kateb Yacine, centre commercial Grand'Place, Grenoble

 

Les expos

L'artothèque ne se limite pas à un service de prêt. Des expositions sont régulièrement organisées, à raison de cinq par an en moyenne, au sein de la bibliothèque Kateb Yacine pour mettre en lumière le travail d'un artiste ou tout simplement la collection. Un fonds d’œuvres de qualité et riche comme le prouve la nouvelle exposition qui dévoile les dernières acquisitions, réalisées en 2013. L’ensemble, composé de photographies, de gravures et de lithographies, est fragmenté par thème du portrait à l’urbain, en passant par la nature. On y (re)découvre des artistes grenoblois (par exemple Benoît Capponi avec un sublime cliché en noir et blanc), ou venus d’ailleurs c(comme Djamel Tatah avec Wood 0313, portrait d’un homme à vif). Des styles variés, pour une exposition remplie de belles pièces. À découvrir jusqu'au 15 mars.

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