Bien plus qu'un festival jeune public, Voir ensemble propose, quinze jours durant au Méliès, de réfléchir autour d'un cinéma qui cherche à éveiller la curiosité des spectateurs, jeunes comme moins jeunes, avec un focus pour cette deuxième édition sur le son et la musique.Christophe Chabert
Vacances scolaires obligent, les festivals de cinéma jeune public prennent leurs quartiers dans les salles françaises. Certes, depuis l'instauration du tarif unique à 4€ pour les moins de 14 ans, c'est un peu la fête tout le temps pour les jeunes spectateurs, avec ce risque d'infantiliser toute la production et – ça a commencé – de voir les écrans truster par des films animés ineptes et régressifs. D'où l'utilité de Voir ensemble, le festival proposé par Le Méliès : son ambition n'est pas de compiler la production récente et à venir pour faire tourner le tiroir-caisse, mais bien de mettre en perspective les films présentés avec des stages, des rencontres et des soirées spéciales.
Autre particularité : Voir ensemble ne cherche pas uniquement la nouveauté à tout crin, puisque cette édition n'hésite pas à proposer les copies neuves de trois classiques restaurés. D'abord Le Voyage de Chihiro, chef-d'œuvre qui consacra son auteur Hayao Miyazaki comme un des grands cinéastes de son temps grâce au Lion d'or obtenu à la Mostra de Venise – Lion qu'il a loupé, et c'est regrettable, avec son dernier et superbe Le Vent se lève, lui aussi présenté à Voir ensemble ; ensuite, Mon oncle de Jacques Tati, qui confronte la modernité bourgeoise et le "progrès" technologique avec la pipe et la mobylette de ce bon vivant de Monsieur Hulot ; enfin, Phantom of the Paradise de Brian De Palma, génial croisement entre Le Fantôme de l'opéra, Faust et la légende de l'ange noir Phil Spector.
Stars et trublions
Ces deux derniers films sont aussi emblématiques de l'axe pris par cette deuxième édition du festival : un focus sur des œuvres où le son et la musique tiennent un rôle essentiel, et que Voir ensemble a réunies dans une section "Écouter-voir". On pourra y entendre aussi un ciné-concert autour de Monte là-dessus (avec Harold Lloyd accroché aux aiguilles d'une gigantesque horloge) par le pianiste Jean-Marie Gonzales, et y voir l'avant-première des Amants électriques, le nouveau Bill Plympton, trublion anglais qui pratique une animation pas vraiment tout public...
Niveau avant-premières, le festival se montre particulièrement généreux avec les nouvelles aventures de quelques stars du cinéma pour tout-petits (Capelito, Gros pois et Petit point, ou la petite taupe) ou enfin le lauréat mystérieux du dernier festival d'Annecy, un ambitieux film de SF brésilien, Rio 2096, une histoire d'amour et de furie, qui sera à suivre de très près.
Voir ensemble
Du 1er au 15 mars, au cinéma Le Méliès