Critique de l'album de Chevalrex
Après la sortie en début d'année du Bagarres Lovesongs de Gontard!, c'est au tour du deuxième des Frères Nubuck (duo grenoblois iconoclaste dont le Petit Bulletin a déjà souvent loué les mérites) de se lancer dans l'aventure de l'album solo. Avec ce Catapulte de très bonne facture, Chevalrex, compositeur/auteur/producteur/multi-intrumentiste/et-plus-si-affinités, prolonge certaines orientations déjà amorcées au sein de son précédent projet solo instrumental Rémy Chante, et livre en l‘espace de dix titres et 26 minutes un manifeste esthétique qui fait la part belle aux émotions douces-amères.
Un pied dans la chanson lo-fi bricolée, l'expérimentation et le collage sonore, et l'autre dans un héritage pop européen vintage splendide et ambitieux (les ombres de François de Roubaix et de Jean-Claude Vannier planent sur plus d'un titre), ce Catapulte surprend par la richesse des climats qu'il réussit à instaurer et la subtilité de ses compositions. Loin d'être envahissantes comme c'est trop souvent le cas, les parties chantées renforcent au contraire la cohésion de l'ensemble, et séduisent par leur fragilité feinte qui ne sombre jamais dans les clichés embarrassants du romantisme torturé. Édité au format vinyle en 200 exemplaires (et autant de pochettes distinctes), ce premier LP de Chevalrex fait partie, vous l'aurez compris, des plaisirs estivaux dont on aurait tort de se priver.
Damien Grimbert