Les (nombres) premiers seront les derniers

Fin cette semaine de notre cycle "20 ans de PB, 20 ans de ciné" avec, selon l’endroit où on se place, un grand flashforward dans la traversée des films emblématiques de notre ligne éditoriale, ou un léger flashback sur une œuvre récente et passée trop inaperçue à sa sortie : La Solitude des nombres premiers. Car on est comme ça au Petit Bulletin : chaque semaine, on essaie à la fois de parler (en bien comme en mal) des films qui font l’événement et de ceux qui ouvrent de nouvelles perspectives pour le cinéma contemporain.

C’est exactement ce que fait Saverio Costanzo ici : adaptant un best-seller transalpin éponyme, il pratique surtout un grand écart impressionnant entre le cinéma de genre italien, du giallo au film d’horreur, et la chronique déconstruite sur quatre périodes de deux adolescents brisés, qui charrient leurs traumas jusqu’à l’âge adulte. Unis par des liens invisibles – ou soigneusement dissimulés par l’entrelacement scénaristique et une mise en scène onirique et impressionniste – ils sont comme les nombres premiers : seuls mais formant une suite logique. Le film nous fait entrer dans leur subconscient, labyrinthe mental qui devient à l’écran un dédale temporel et spatial à la lisière du fantastique.

Comme si Dario Argento avait raconté l’enfance malheureuse de sa propre fille (ce n’est un secret pour personne, ladite Asia ne cachant pas ses tourments en interview), Saverio Costanzo fait renaître en mode majeur le cinéma bis de son pays, créant une forme inédite et singulière. La redécouverte est donc impérative – surtout sur grand écran pour apprécier la beauté du travail, en scope et en couleurs éclatantes, du cinéaste.

Christophe Chabert

La Solitude des nombres premiers
De Saverio Costanzo (2010, It-Fr-All, 1h58) avec Alba Rohrwacher, Luca Marinelli…

Lundi 28 avril à 20h30, au Club

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