Mercredi 28 mai aura lieu, au Musée de Grenoble, "La nuit de l'improvisation". Derrière cette soirée pleine de surprises et de découvertes, se cache l'association Musée en musique, qui œuvre toute l'année à la programmation musicale du musée. Rencontre avec sa présidente Pascale Galliard pour lever le voile sur ses différentes actions et ambitions, et sur cette nuit (pas) improvisée.Propos recueillis par Charline Corubolo
Mercredi 28 mai aura lieu, au Musée de Grenoble La nuit de l'improvisation, événement organisé par Musée en musique, l'association que vous présidez. De quoi s'agit-il ?
Interview de Pascale Galliard : Il s'agit de la soirée de clôture de la saison 2013-2014 de Musée en musique et, dans un même temps, de la célébration des 20 ans du Musée de Grenoble. Musée en musique est installée au musée depuis son ouverture en 1994 : fêter en musique cet anniversaire nous est apparu tout à fait logique et nécessaire même. En accord avec le directeur Guy Tosatto, nous avons proposé cette Nuit de l'improvisation. L'idée est de dépasser un peu l'image, que nous avons, d'une programmation principalement classique, alors que nous faisons régulièrement des incursions dans des répertoires populaires, jazz... Ça nous a semblé cohérent de passer par l'improvisation et d'aller à la découverte de sonorités nouvelles, qui pour certaines d'ailleurs peuvent faire référence au classique. Jean-François Zygel, la figure de cette manifestation, est un habitué de l'auditorium. Il aborde la musique un peu comme nous la voyons. Il sait la faire aimer, c'est pour nous très important pour pouvoir élargir le public. De plus, l'improvisation est l'une de ses spécialités, l'un de ses domaines de prédilection si j'ose dire, ce qui est rare pour un musicien classique. C'est donc logique pour nous que cette soirée se fasse avec lui.
L'ambition de Musée en musique, avec une soirée de ce type, est-elle de démocratiser la musique classique, souvent perçue comme un art élitiste ?
La volonté de démocratiser est à l'image de notre démarche depuis l'origine. La musique classique concerne tout le monde. C'est certes une musique souvent écrite avec des codes – ce qui impressionne parfois car on peut se dire : « je suis incapable de déchiffrer ces codes, donc je ne peux pas l'aimer ». Pourtant, il n'est pas nécessaire de connaître les codes pour l'aimer. Au contraire, parfois, ceux qui les connaissent ont plus de mal à apprécier un concert. Le classique a cette réputation, très surfaite mais difficile à dépasser, et nous essayons depuis toujours d'amener un nouveau public à la découverte de notre programmation. On accueille régulièrement un auditoire plus jeune, même si quelque part, ça ne me gêne pas de constater que c'est un certain public qui aime cette musique, comme pour le rap, ou le rock. Chaque génération a des besoins en musique, et dans tous les domaines, qui peuvent différer de la génération précédente. On cherche bien sûr à démocratiser, mais sans vulgariser. Notre message c'est : « Osez, venez, vous êtes les bienvenus ! » Jean-François Zygel a su faire passer ce message de façon ludique, a su montrer que la musique classique ça peut être quelque chose de simple [notamment avec son émission sur France 2 intitulée La Boîte à musique – ndlr].
Comment est née Musée en musique ? Quelles sont les missions de l'association ?
Musée en musique est née il y a 25 ans. Au départ, ça s'appelait « L'oreille en fête » et l'objectif était d'amener les jeunes et les enfants au concert en famille, de leur faire découvrir et aimer la musique classique. À l'époque, c'était rattaché à une autre association musicale qui s'appelait « Vivaldi », une école de musique. On a rapidement organisé des concerts « Les mardis de la robe de chambre ». Quand le musée a été construit, on m'a sollicitée pour installer cette programmation ici, au musée. De fait, lorsque la programmation musicale a déménagé, elle s'est appelée Musée en musique. Mais c'est la même association, avec toujours les mêmes objectifs : favoriser l'accueil du jeune public, de la famille, en faisant des tarifs attractifs.
Quel est votre rapport avec le Musée de Grenoble : travaillez-vous seuls ou ensemble ?
On est très proches, et bien sûr je suis proche de son directeur Guy Tosatto. Je lui présente la saison, ce que l'on va faire, en particulier lorsque c'est en relation aves les expositions temporaires d'automne et de printemps. Nous proposons systématiquement Une journée au musée, qui se déroule généralement le dimanche : il y a deux concerts, suivis d'une présentation illustrée, dans l'auditorium, pour dévoiler l'exposition. Ces concerts sont réfléchis pour rentrer en résonance avec les expositions. C'est toujours très intéressant parce que, là aussi, ça nous oblige à élargir notre répertoire, à mettre de la cohérence à notre présence dans ce musée. C'est un travail d'autant plus captivant qu'il est peu pratiqué dans d'autres musées. Le Musée de Grenoble est l'un des rares à avoir une programmation musicale structurée et régulière. C'est entre 35 et 40 concerts par an, on fait donc le maximum pour que le musée élargisse son public. Puis on essaie de réaliser un travail de qualité, exigeant, afin de contribuer au rayonnement du musée.
D'où le fait que l'un des objectifs de Musée en musique soit « d'établir des passerelles entre les arts plastiques et la musique »...
Avec Les journées au musée, on trouve des programmes qui font écho à l'exposition soit par rapport à l'époque des artistes exposés, soit en lien avec les goûts des artistes, quand ils sont connus. Dans ce cas, on s'adapte aux goûts musicaux parce que l'on considère que lorsqu'un artiste crée, il intègre toute sa personnalité, y compris la musique qu'il affectionne, et certainement qu'on va la retrouver dans ses œuvres. On organise également des brèves musicales, avec le conservatoire et ses élèves, qui sont données cette fois dans le musée. C'est toujours extrêmement intéressant.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les trois cycles de la programmation : Grands interprètes, Jeunes virtuoses et Jeune public ?
À travers ces cycles, on essaye d'avoir des fils rouges. Le cycle Jeunes virtuose nous permet d'accueillir de jeunes artistes, de les faire monter sur scène pour se faire connaître. Ils viennent de tous les conservatoires, des grandes écoles, ce sont des jeunes qui ont besoin de se produire pour apprendre le métier de musicien. On le fait très régulièrement, notamment en lien avec l'Auditorium du Louvre. Nous accueillons trois de leurs concerts chaque année. Ce sont de jeunes artistes internationaux d'un niveau exceptionnel, mais nous programmons aussi des artistes régionaux. Pour les Grands interprètes, ce sont des artistes de renom, comme son nom l'indique. C'est une fierté de les recevoir parce que la salle n'est pas très grande, et d'habitude, ils se produisent dans des salles plus vastes. Ils viennent ici parce que la salle est très agréable, elle a une très bonne acoustique, on est bien et on fait de la belle musique. Enfin, le cycle Jeune public cherche à initier les enfants à la musique en les emmenant soit à des spectacles adaptés, concert de Noël, soit à des opéras de grande qualité, mais avec un angle ludique comme avec Les noces de Figaro sous forme de théâtre d'objets. Des voyages sont également organisés. Ce sont trois cycles pour aller vers tous les publics.
Comment vit Musée en musique : subventions, mécénat...
Un équilibre entre tout ça. Il y a un financement public avec une subvention de la Ville de Grenoble et une du Conseil général de l'Isère. Puis il y a le mécénat, assez important, privé, dont celui de la Société Générale Musicale. Enfin, il y a les recettes propres. On essaie d'avoir un tiers, un tiers, un tiers. Mais comme pour toutes les associations, c'est difficile. On essaie de convaincre un maximum de gens de l'utilité de ce travail, et jusqu'à présent, on nous a fait confiance.