À Grenoble, au passage de la place aux Herbes et de la place Claveyson, la gravité subit un drôle d'effet. Dans la vitrine de la galerie Showcase, les coulures de peinture, qui rivalisent les unes avec les autres par l'éclat de leurs nuances, sont ascensionnelles. Si d'habitude Johann Rivat puise son inspiration dans le figuratif, l'artiste s'est adonné ici à la pulsion abstraite. Plus que de simples lignes, l'exposition Picturalisme donne à voir une saisissante valse de couleurs dans laquelle la matière se noie, puis émerge comme si le médium lui-même ne cessait de se réinventer.
Appliquée directement sur la surface de la vitrine, l'œuvre qui nous est présentée est celle qui dévoile le processus à rebours de la création. Enfermée dans sa cage vitrée, la peinture finale fait face au mur tandis que l'envers du décor est livré au regard du passant. Inversion de la vision, si bien dans le sens de présentation que dans l'angle de monstration de l'œuvre, Picturalisme ouvre une réflexion sur le médium propre qu'est la peinture et offre une expérience nouvelle de la matière. D'où certainement le titre de l'exposition, possible condensé du mouvement « pictorialisme », qui cherchait à faire du médium photographique un art autonome, et de « pictural », autrement dit la peinture.
Charline Corubolo
Picturalisme, jusqu'au 20 juin à la galerie Showcase