Des films qui font mauvais genre

Glen or Glenda
D'Ed Wood (ÉU, 1953, 1h07) avec Ed Wood, Bela Lugosi, Dolores Fuller...

Ça s’appelle la convergence des luttes : d’un côté, Vues d’en face, le festival qui défend le cinéma gay et lesbien ; de l’autre, le festival des maudits films, qui se bat pour la reconnaissance du cinéma bis, de la série B et des films scandaleux. Ensemble, ils ont monté une épatante soirée à la Cinémathèque baptisée "Rencontres du troisième genre" autour de deux films particulièrement queer : Glen or Glenda d’Ed Wood et Polyester de John Waters.

Sur le papier, accoler ensemble le prince du nanar cheap et le pape du mauvais goût provocateur ne va pas forcément de soi, tant il y a une différence fondamentale entre un cinéaste qui pense faire de bons films et se retrouve à torcher d’aberrantes séries Z et un autre qui joue au contraire des codes du mauvais goût et de l’outrance pour en tirer une force subversive. Mais les deux films se rejoignent sur un point : le rapport au genre, particulièrement bousculé.

Dans Glen or Glenda, la question du travestissement, évidemment tabou à l’époque (1953), est traitée sur un mode fantastico-horrifique, mais le film est plus personnel et intime qu’il n’y paraît, Ed Wood étant lui-même prompt à revêtir des habits féminins dans le civil. D’où trouble face à cette œuvre moins maladroite qu’à l’accoutumée chez le cinéaste.

Dans Polyester (photo), c’est par la présence de Divine, acteur fétiche de John Waters, qui incarne la mère de famille débordée par les pulsions de sa progéniture et charmée par un playboy de passage, que le genre est joyeusement questionné. Waters n’en fait pas tout un cas : Divine est un homme dans le civil, une femme à l’écran, et ce sont plus les situations graveleuses qu’elle traverse que son appartenance sexuelle qui provoque le rire ou le malaise. Une manière singulière d’illustrer les divers sens du mot représentation – du figuratif au politique.

Christophe Chabert

Rencontres du 3e genre, vendredi 12 décembre à la Cinémathèque

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