À la sortie de Lost in translation, Sofia Coppola n'était encore que la fille de son père et la réalisatrice d'un premier long prometteur, Virgin Suicides. Tout va changer ensuite, au point de faire naître, comme c'est souvent le cas, des préjugés difficiles à décoller sur son cinéma qui, de Marie-Antoinette à The Bling ring, ne cessera de décevoir ses admirateurs. Raison de plus pour retourner aux sources du malentendu et ce grâce à une nouvelle séance des "Traversées urbaines" de la Cinémathèque.
Dans Lost in translation, Coppola suit les pas de Bob, comédien américain en pleine dépression, venu à Tokyo tourner une pub pour un whisky. Ce comédien, c'est Bill Murray, qui grâce à ce rôle passera du statut d'acteur comique culte à celui d'égérie de la vague hipster du cinéma américain. En plein "jet lag" et paumé dans une ville dont il ne comprend ni la langue, ni les codes, Bob rencontre la jeune Charlotte qui, en attendant que son photographe de mari ne rentre à son hôtel, traîne son spleen et son ennui. Ensemble, ils vont faire un bout de chemin, unissant leur mélancolie dans une amitié aussi brève qu'intense.
Charlotte, c'est Scarlett Johansson, pas encore la star que l'on connaît, mais déjà cette actrice prenant soin de s'identifier totalement aux personnages qu'elle incarne. Pas difficile de voir en elle le parfait alter-ego d'une Sofia Coppola qui ne cherche pas tant à parler des problèmes des pauvres petites filles riches qu'à saisir ce moment de flottement existentiel où, sans que l'on s'en aperçoive, tout redevient possible. Discours fragile, sur la corde raide ou sensible, que ce film en équilibre constant entre la grâce et le trivial parvient à maintenir jusqu'à son émouvante conclusion.
Christophe Chabert
Lost in translation
De Sofia Coppola (2003, ÉU, 1h42) avec Bill Murray, Scarlett Johansson...
Lundi 26 janvier à 19h30 à la Cinémathèque (Grenoble)