Indésirables

Un nouvel avatar de l'amateurisme chic façon Donzelli, qui ne parvient que tardivement à prendre la mesure de son sujet.

Dans la petite famille de l’amateurisme chic français, voici Philippe Barassat : copain comme cochon avec le tandem Donzelli / Elkaïm, il a recruté ce dernier pour le rôle principal d’Indésirables, son premier long après quelques courts provocateurs et remarqués. Elkaïm y est Aldo, infirmier d’origine étrangère qui subit une sorte de préférence nationale et se retrouve sans emploi et dans la dèche, cachant cette précarité à sa copine. Après une première expérience avec sa colocataire aveugle, Aldo décide de devenir un gigolo d’un genre particulier, donnant du plaisir à des handicapés physiques et moteurs.

On aimerait se sentir interpellés, sinon dérangés, par un tel sujet, mais le film se tient dans un tel degré d’approximation qu’il est surtout irritant. Les comédiens jouent n’importe comment (Bastien Bouillon et l’insupportable Béatrice de Staël ne sont jamais crédibles en aveugle) et Barassat cadre à peine ses plans, leur apposant un vernis noir et blanc qui agit comme un cache-misère. Le tout baigne dans une ambiance bourgeois de gauche que le cinéaste arrive in extremis à bousculer lorsqu’il assume la part la plus noire de son récit.

Le temps d’une longue séquence où plane l’ombre des Freaks de Tod Browning, on entrevoit un tout autre film, cruel et monstrueux, où l’anormalité viendrait vomir la bonne conscience des gens normaux en criant : « Tu es des nôtres ! »

Christophe Chabert

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