Les dix concerts immanquables de l'automne

Jay-Jay Johanson



ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Il y aura du monde les prochains mois dans les différentes salles de l'agglo grenobloise, dont beaucoup de très bons musiciens. Comme Jay Jay Johanson, Kraftwerk, Christophe, The Jon Spencer Blues Explosion, Socalled...

Jay Jay Johanson

« Hey ! Content de te voir, ça va Jay Jay ?! » Toujours bof apparemment à en croire la pochette d'Opium et son contenu. Jay Jay, ça va tellement que lors d'une interview sur France Culture, à la journaliste qui fait le bilan de sa carrière « Alors, vous avez 45 ans... », il répond sans rire « non j'en ai 50 » – alors qu’en fait, il en a 45. Bon.

Mais Jay Jay, ça va tellement qu'il a sorti cette année – à 50 ans bientôt 68, donc, ne le contredisons pas – son dixième album studio en un peu moins de 20 ans. Sur la période, le Suédois aura à peu près tout fait, y compris s'afficher en Bowie capillairement attenté sur un disque qui flirtait parfois avec la grande époque de Steph de Monac' (Comme un ouragan, donc).

Mais Jay Jay, ça va tellement, donc, qu'il nous revient avec un truc bien opiacé qui semble regarder directement dans le verre de Whiskey qu'il nous avait servi en 1996 et nous l'avait révélé en Chet Baker efflanqué aux cheveux blonds et à l'âme bleue faisant le sexe avec Portishead : une sorte de trip-hop jazz comme on aurait même plus l'idée d'en écouter en 2015, n'était ce (très) vieux Jay Jay.

Stéphane Duchêne

Mercredi 14 octobre à la Source (Fontaine)

Christophe

Sa tournée Intime – Cricri, seul au piano avec ses classiques –, Christophe y a travaillé comme s'il lui avait fallu tout réapprendre. Lui, l'ancien faux chanteur à minettes, reconverti en homme de machines et de claviers, toujours à la recherche au fil des ans de matière sonore à styliser, s'est mis au piano, qu'il disait lui-même mal maîtriser, et a bossé d'arrache-pied, la peur et la rage au ventre.

Comme souvent avec Christophe, et même débarrassé de ces textures à empiler sur la console, le résultat est simplement bouleversant. En déshabillant ses chansons, en livrant, à nu, sa voix d'oisillon étranglé, Christophe leur offre peut-être le plus beau des costumes et frappe sans détours là où ses chansons ont toujours visé, directement au cœur – on met au défi quiconque de ne pas verser une larme sur J'l'ai pas touchée ou Les Marionnettes. Souvent repris, souvent cité, souvent hommagé, Christophe prouve avec ce projet en lequel lui-même croyait difficilement que le meilleur interprète de Christophe, c'est encore Christophe lui-même.

SD

Jeudi 29 octobre à la Belle électrique

Mdou Moctar

Il sera aisé de voir en Mdou Moctar, brillant guitariste touareg, une sorte de Prince du Ténéré. Et pour cause, Mdou Moctar s'est fait un petit plaisir en réalisant son Purple Rain personnel, film financé via Kickstarter qui n'est ni plus ni moins qu'un remake de la bio filmée de Prince, mais version Mdou Moctar. Ou comment un jeune musicien touareg versé dans l'électro-blues-rétro-futuriste (car, oui, comme Prince, Moctar se livre à de bien étranges mélanges de genres et de textures sonores), bref comment un jeune musicien touareg parvient à faire son trou à Agadez tout de mauve vêtu.

Non content de jouer le premier rôle d'Akounak Teggdalit Taha Tazoughai, Mdou Moctar en a également écrit la BO – en 2013, il avait déjà sorti l'album Afelan. En attendant qu'il change son nom pour un symbole ou s'affiche avec Ophélie Winter, Mdou Moctar se présentera en trio blues à la Bobine, histoire qu'on voit celle de la star en vrai, de bobine.

SD

Vendredi 6 novembre à la Bobine

The Jon Spencer Blues Explosion

Increvable et boulimique de projets, de blues déglingué et donc de projets à base de blues déglingués (orientation rockabilly toutefois concernant son groupe Heavy Trash), l'ami Jon Spencer n'a pour autant jamais lâché la rampe et le manche du Blues Explosion, le projet qui l'a fait exploser. Après le désossant Meat & Bone il y a trois ans, Spencer et ses deux acolytes explosifs (Bauer ! Simmins ! au rapport!) nous reviennent avec Freedom Tower : No Wave Dance Party 2015.

Un hommage à New York à laquelle ils ont juré fidélité et à la tour résiliente érigée en lieu et place des Twins, enregistré au studio House of Tone, repaire du label Daptone. Ne pas s'attendre pour autant à quelque envolée soul, le Blues Explosion fait du Blues Explosion avec ces génuflexions, ces à-coups et ces passes d'armes guitaristiques dignes d'une bagarre de rue. Si certains ont envisagé un jour de s'asseoir sur le trône d'un Jon Spencer qu'on pourrait croire vieillissant (cette année est celle de son demi-siècle) mais toujours aussi frénético-électrique sur scène, il faudra aller le lui prendre le couteau entre les dents et chaussé d'une bonne paire de bottes.

SD

Mercredi 11 novembre à la Belle électrique

Socalled

À la fois pianiste, chanteur, rappeur, auteur, compositeur, producteur, mais aussi photographe, magicien, marionnettiste, réalisateur et on en passe, le touche-à tout canadien surdoué et multi-primé Josh Dolgin (alias Socalled) dispose d’un CV qui pourrait en intimider plus d’un… Accumulant les projets collaboratifs à la vitesse de l’éclair et multipliant les concerts sur les cinq continents, l’artiste découvert il y a maintenant une douzaine d’années au sein de collectif Klezmer Madness! de David Krakauer n’a pourtant rien du virtuose inaccessible, bien au contraire.

Entièrement voué au groove sous toutes ses formes (musique klezmer, jazz, funk, hip-hop, dancehall, électro, musiques orientales), Socalled ne semble avoir d’autre objectif que de faire passer du bon temps à son audience par tous les moyens nécessaires, comme en témoigne une fois encore son incroyablement créatif cinquième album solo Peoplewatching.

Damien Grimbert

Jeudi 12 novembre à la Source (Fontaine)

Jozef van Wissem + Arlt

S'il était deux étrangetés à réunir sur un même plateau dans le seul but de réunir des... étrangetés, alors présenter le même soir Jozef van Wissem et Arlt à la Bobine est sans doute la meilleure idée qui soit. D'un côté, Jozef van Wissem qui a consacré sa vie au luth baroque pour jouer les figures rock, se faisant une autre spécialité en noircissant les BO de quelques films, à commencer par ceux de Jim Jarmusch (Only Lovers Left Alive) avec lequel il est très souvent fourré dans quelque lieu sombre à composer ou interpréter son folk pour vampire huit fois centenaire.

De l'autre, Arlt, duo pas moins aride même si bien plus drôle, qui décape la chanson française à coups de langue (aux deux sens du terme) et de textes conçus comme des cadavres exquis qui bougeraient encore mais sentiraient très fort. À deux voix, et à l'aide de leurs guitares très sèches, les Arlt conduisent à une sorte de transe malaisante qui, malgré des moyens bien différents, vise la même fin que celle de Jozef van Wissem : le vertige. Prévoir une cure de magnésium.

SD

Vendredi 13 novembre à la Bobine

Kraftwerk

Soyons honnêtes, il n'y avait guère que Kraftwerk pour nous inventer un concept de concert de rock (ou d'électro, mais Krafwerk compte aussi beaucoup dans l'histoire du rock, il n'y a qu'à voir comme leur découverte par Bowie a donné un nouvel élan à la carrière du Thin White Duke) avec lunettes 3D. Et en faire autre chose qu'un gadget pour gogo : ce spectacle, prouesse technique hallucinante comme l'ont toujours été les prestations de Kraftwerk à travers les époques et les moyens dont elles permettaient de disposer, fut rien moins que l'événement de Nuits Sonores 2014, le fameux festival électro lyonnais.

C'est que le discours des hommes-machines allemands sur les progrès technologiques (l'autoroute, le nucléaire, l'informatique, la robotique) et ses dérives déshumanisantes a rarement été plus d'actualité qu'aujourd'hui, et si l'on s'en tient à l'époque à laquelle est apparu Kraftwerk, totalement visionnaire, posant ainsi la question de la place et du statut de l'artiste sur scène (robot ou humain ?) face à la foule enlunettée et donc un peu obligée.

SD

Vendredi 13 novembre à la MC2

Claire Diterzi

Claire Diterzi et Le Petit Bulletin, c’est une histoire d’amour forte entamée il y a presque dix ans lorsqu’elle sortit son premier album solo Boucle. Claire Diterzi et le public français, c’est une histoire d’amour contrastée, l’auteure-compositrice-interprète n’ayant jamais accédé au statut d’icône de la chanson française auquel elle pourrait pourtant prétendre.

La faute à sa musique, sans doute trop riche et barrée ? Mais une Camille a bien réussi sur ce domaine… La faute à son monde mis en scène et pas forcément des plus accessibles aux premiers abords ? Christine and the Queens prouve le contraire… Définitivement, on ne comprend pas, surtout que son tout frais nouvel album (69 battements par minute) est une fois de plus une réussite nourrie aux mélodies solides, aux guitares entraînantes et à l’ironie débordante – L'avantage avec les animaux c'est qu'ils t'aiment sans poser de questions, Envoie le steak, Je suis un pédé refoulé

Aurélien Martinez

Samedi 14 novembre à l’Heure bleue (Saint-Martin-d’Hères)

Toumani & Sidiki Diabaté

En matière de kora, un Diabaté peut aisément en cacher un autre, car c'est bien souvent une affaire de famille qui remonte aux premières lunes. Il eut donc été étonnant que le géant du luth malien Toumani Diabaté n'engendre pas un grand joueur de kora comme l'avait fait son propre père avant lui. D'ailleurs, pour compliquer un peu l'arbre généalogique mais faciliter le travail du destin, le fils de Toumani Diabaté se prénomme également Sidiki, comme son grand père – le grand-père de Sidiki, pas de Toumani.

Toujours est-il qu'à même pas un quart de siècle, Sidiki est déjà plus qu'une référence dans le monde des griots. Ce qui ne l'a pas empêché d'avoir le trac de sa vie le jour où il a dû monter sur scène avec papa la première fois – c'est dire un peu l'aura que dégage Toumani. Ensemble, ils ont enregistré à Londres (et non au Mali), où toutes les portes leurs sont ouvertes, un album qui porte leur prénom car, à les entendre, jouer le nom des Diabaté est implicite.

SD

Mercredi 18 novembre à la Source (Fontaine)

Piers Faccini & Vincent Segal

À force, ce projet réunissant le chanteur anglo-italo-cévennol (d'adoption) et le plus qu’éclectique violoncelliste de Bumcello est devenu un classique immortalisé par le très beau Songs of Time Lost, recueil de reprises tous azimuts de vieilles chansons italiennes, de folk-songs, de traditionnelles créoles ou allemands, de blues et de toutes ces sortes de choses avec lesquelles ces deux adorables musiciens n'en finissent plus de tourner. Pour la bonne et simple raison qu'il s'agit pour eux de rattraper ce temps perdu induit par le titre de leur projet.

Rencontrés dans une soirée parisienne il y a plus de 20 ans, il a fallu ce temps à cette amitié musicale et humaine pourtant immédiate pour prendre corps sous la forme d'une véritable et durable collaboration à quatre mains. Le résultat ne nous fait aucunement regretter que ces deux-là aient laissé mûrir la chose avant d'en cueillir les beaux fruits. Du genre bio et ramassé à la main avec amour.

Vendredi 20 novembre à la MC2

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