De François Favrat (Fr., 1h41) avec Laurent Lafitte, Mélanie Laurent, Audrey Dana, Wladimir Yordanoff...
Un quadra névrosé revient aux racines de son mal-être : la mort de sa mère par noyade, sur laquelle sa famille a conservé durant trente ans le plus parfait silence. Son obsession vire à l'enquête et révèle d'étonnants cadavres...
C'est un fait qu'il faut admettre : la bourgeoisie française, qui passe ses étés à Noirmoutier, se doit de posséder, en plus d'une aïeule dissimulant sous des abords avenants un tempérament de duègne acariâtre (surprenante Bulle Ogier), son secret honteux – sinon, comment leurs psys pourraient-ils s'acheter des résidences secondaires sur l'île de Ré ? Et en plus, ces pauvres gens privilégiés travaillent !
Enfin, ils travaillent sur eux, surtout... Car le personnage d'Antoine (Laurent Lafitte), dont les activités sporadique de maître d'œuvre s'apparentent à de l'intermittence du bâtiment, parvient à se faire licencier sans s'émouvoir – cela doit être vulgaire – tant il se trouve accaparé par sa quête personnelle. Ici, le travail en tant qu'activité professionnelle est mentionné mais rarement montré : comme les défunts, il devient chose abstraite, intangible ; une sorte de légende dont on a entendu parler.
Dès lors, comment éprouver de l'empathie ou de la sympathie pour les personnages du réalisateur François Favrat, certes en souffrance, mais aussi éloignés des réalités ? On pourra objecter que Festen (1998) se déroulait dans une famille huppée en proie à une implosion cataclysmique, non chez des clochards. Dont acte. Mais la tension continue découlant du huis clos dissolvait tout vernis social, et le film de Vinterberg touchait à une forme d'universalité que Boomerang n'atteint pas. Même si on le lance très fort...