Lolo

Lolo
De Julie Delpy (Fr, 1h39) avec Julie Delpy, Dany Boon...

Quand Julie Delpy signe une comédie familiale, il ne faut pas forcément s’y rendre avec sa smala. Ni avec son ou sa fiancé(e). Ni en célibataire. Plutôt en groupe de potes en fait…

Depuis qu’elle est réalisatrice, Julie Delpy cuisine la famille à toutes les sauces. En s’inspirant de sa pittoresque tribu, à l’origine de son caractère pour le moins fantasque. Ainsi, dans sa prolifique filmographie, une continuité indiscutable relie 2 Days in Paris (2007) et 2 Days in New York (2012) : deux comédies enlevées jouant sur les stéréotypes culturels, où elle confronte son couple mixte (car à chaque fois, elle partage la vie d’un Étatsunien) avec son père, Français bohème décontracté du slip (quand il en porte un…). Le Skylab (2011) montait un cran plus haut en plaçant des ados au milieu d’une maison de vacances des années soixante-dix transformée en cocotte-minute familiale – une sorte de Hôtel de la plage revu et corrigé par Sautet.

Pour Lolo, Delpy réussit le prodige d’aller plus loin dans la perversité, avec une œuvre dont elle est visiblement persuadée qu’elle est grand public. Son Lolo ressemble à Tanguy, l’ado attardé de Chatiliez qui s’incruste chez ses parents. En pire, puisque ce fils exclusif et sournois fait fuir les amants de sa mère afin de conserver sur elle une emprise totale. Jusqu’à ce qu’un informaticien, Jean-René, le démasque en déjouant ses manigances de rejeton psychopathe…

Lolo ou les ambiguités

Lolo trompe son monde, y compris par son affiche d’une neutralité confondante et son générique animé mignon tout plein. Car avec un aplomb rare et plaisant, les personnages campés par Karin Viard et Julie Delpy ne parlent durant les vingt premières minutes que de l’appétit de leur chatte respective – et il ne s’agit pas de félidé domestique. Il faudrait faire preuve d’une puissante hypocrisie pour s’indigner d’un langage et de mœurs aussi décomplexés, alors que de toute éternité des productions testostéronées ont valorisé des quinquas masculins bien caramélisés gloussant en étalant (et comparant) leurs tableaux de chasse !

En fait, le naturel et la sincérité de Julie Delpy l’emportent sur un désir de scandale ou de transgression – ce qui ne signifie pas que son cinéma soit dépourvu d’intentions. Parisienne jusqu’à la caricature, la comédienne-réalisatrice est ainsi capable de tourner en dérision son microcosme et sa propre superficialité. Excellente directrice d’acteurs, elle dispose d’un Dany Boon impeccable, éloigné de ses rôles geignards – seul Vincent Lacoste ne surprend guère, fossilisé dans un emploi de pré-adulte. Hélas, l’incorrection pétillante de Lolo se dissipe sur la fin avec une conclusion à la Danièle Thompson. C’est dire son manque de cruauté…

Lolo
De et avec Julie Delpy (Fr, 1h39) avec Dany Boon, Vincent Lacoste, Karin Viard…

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