Exercice de fascination depuis des millénaires, l'autoportrait est bien plus qu'une simple représentation de soi. Tout comme le portrait révèle autant de choses sur le sujet que sur celui qui l'exécute. L'exposition "Vis-à-vis" à la Bibliothèque centre-ville dévoile un ensemble de (auto)portaits remarquables avec notamment des grands noms de la photographie comme Robert Doisneau, Denis Roche, Patrick Tosani...
Si, théoriquement, les premiers autoportraits ont été réalisés en peinture, ceux actuellement exposés à la Bibliothèque centre-ville relèvent de la photographie. Vis-à-vis, en marge de l'événement (terminé le week-end dernier) consacré à Vivian Maier, présente une exposition collective de photographes adeptes de cette représentation de soi par l'image, clichés issus de la collection de l'Artothèque de Grenoble. Un exercice de projection qui, au fil des âges, s'est diversifié pour offrir de nouvelles formes et des esthétiques renouvelées.
En ouverture de ce panorama, Jing Wang (re)montre ses autoportraits scénarisés renversant la prise de vue. S'en suit un panel dense qui met en lumière les diverses approches de cette application. Samuel Fosso s'immortalise de face mais grimé en quelqu'un d'autre, quand Patrick Tosani et Dieter Appelt brouillent la photographie aux moyens de flous et de superpositions esthétisantes. Dans certain cas, l'auteur utilise son corps pour jouer avec l'environnement entre symétrie et fondu dans le décor, style propre à Arno Rafael Minkkinen, dont la poésie en noir et blanc captive le regard.
Mise en abyme
De poésie, il est aussi question dans l'œuvre Les sables d'Olonne de Denis Roche. Photographiant sa femme à travers une fenêtre, le reflet de l'artiste s'imprime sur la silhouette capturée révélant une beauté intemporelle. Une façon de saisir le beau dans des portraits qui dévoile la vision de leur auteur. Avec Robert Doisneau, c'est la jeunesse qui éclate ; chez Édouard Boubat, le noir et blanc devient manifeste du portrait ; alors que Guy Delahaye extrait, en un simple clic, toute la force de la chorégraphe et danseuse Pina Bausch.
Plus récentes, les galeries de personnes de Rip Hopkins et Denis Dailleux, en apparence banales, s'avèrent être un véritable témoignage culturel démontrant le regard humaniste des photographes. Alors qu'avec William Wegman, l'exercice oscille entre ironie et analyse du réel. Squash squash présente deux hommes à tête de chien, telle une fable animalière cynique.
Vis-à-vis, jusqu'au samedi 2 janvier à la Bibliothèque centre-ville