Berlin au cinéma : coupez ! On tourne…

Le pont des espions
De Steven Spielberg (ÉU, 2h12) avec Tom Hanks, Mark Rylance...

Alors que sort cette semaine sur les écrans "Le Pont des espions" de Spielberg, on s'intéresse à la capitale allemande sublimée (ou non) par le 7e art.

La capitale allemande n’a, heureusement, pas attendu d’être balafrée par le Mur pour attirer les caméras : en tournant l’hypnotique Berlin, symphonie d'une grande ville (1927), Walter Ruttmann capte dans cet essai abstrait le mouvement organique animant la cité, de l’aube à la nuit tombée. Son immensité inquiétante et moderne en fait une Chicago européenne pour Fritz Lang dans M. Le Maudit (1931), qui conclut la période expressionniste et annonce le nazisme. L’Histoire confère ensuite à la ville un caractère de décor d’exception : dès Allemagne année zéro (1945) de Rossellini, la majorité des tournages qu’elle accueille sont liés aux prémices (L’Œuf du serpent (1977) de Bergman) ou aux conséquences de la guerre.

La partition du pays, puis l’édification du Mur en 1961 alimentent moult scénarios (Un, deux, trois de Billy Wilder) mais vitrifient Berlin dans sa situation de frontière entre l’Est et l’Ouest. Quelques exceptions, pourtant, vont émerger, tel Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… (1981) de Uli Edel, tiré d’un livre-documentaire sur les gamins du quartier de Zoologischer Garten. Mais c’est surtout avec Wim Wenders que Berlin va reprendre une dimension globale, fissurant (virtuellement) le Mur dans Les Ailes du désir (1987) et anticipant sa chute relatée dans la suite Si loin, si proche ! (1993).

Les cinéastes allemands s’emparent alors de leur passé sur place, et avec quel talent ! La Vie des autres (2006) de Florian Henckel von Donnersmarck, La Bande à Baader (2008) de Uli Edel et Goodbye, Lenin! (2003) de Wolfgang Becker, abordant respectivement la surveillance d’État, le terrorisme et la réunification, triomphent partout. Berlin se réapproprie parallèlement une identité dramatique, un statut de décor autonome grâce à des superproductions internationales (La Mémoire dans la peau, Mission : Impossible 3) et voit émerger de nouveaux auteurs qui dévorent ses rues : Tom Tykwer pour Cours Lola Cours (1998) ou Sebastian Schepper pour le récent Victoria (2015), tourné en plan-séquence. La capitale reste une ville-cinéma – n’est-elle pas, d’ailleurs, la seule à accueillir en ses murs un festival majeur ?

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