Les dix concerts à ne pas louper en mars et avril

Feu ! Chatterton

La Belle Électrique

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Ces deux mois seront riches en événements du côté de la Belle électrique, de la Bobine, de la Source, de la MC2... La preuve en dix points à base de Feu! Chatterton, de Rover, de Nada Surf ou encore de Détours de Babel. Stéphane Duchêne et Aurélien Martinez

Feu! Chatterton

Voilà un groupe qui aime les transports, qui a déchiré le voile du succès critique avec une chanson sur le Costa Concordia et annoncé son premier album avec un single titré Boeing. Mais quand on parle de transport, il faudrait entendre ce mot selon toutes ses acceptions, à commencer par celle du transport sentimental, du transport amoureux et du voyage des mots. Car si l'on a multiplié les comparaisons musicales ou stylistiques s'agissant de Feu! Chatterton, il faut reconnaître une chose qui n'appartient qu'à eux.

Rarement, on a vu si jeune groupe écrire des textes de la sorte : Boeing est une chanson à danser autant qu'à lire comme une suite machiniste à L'Albatros de Baudelaire (« Boeing, Boeing ! Et tes mouvements lents sont de majesté / Est-ce la faute de tes passagers indigestes / Si tu penches ? »). Quant aux paroles de Côte Concorde, elles sont à placer aux côtés des grands textes de la chanson française (« Du ciel tombe des cordes, faut-il y grimper ou s'y pendre ? »). Feu! Chatterton, loin d'être de paille, brûle de mots et sur scène les enflamme. C'est à voir.

SD

Samedi 5 mars à la Belle électrique

Jon Spencer Blues Explosion

N'était une annulation de tournée en novembre dernier pour raisons de santé (le groupe devait se produire à Grenoble le 11), tout indique que le Jon Spencer Blues Explosion de Jon Spencer, Russell Simmins et Judah Bauer a opéré avec Freedom Tower – No Wave Dance Party 2015 un retour en forme en forme de retour en grâce, retrouvant non pas son mojo (qui peut dire qu'il l’avait perdu ?) mais celui qui agite l'âme new-yorkaise originelle – celle de cette Big Apple crasseuse et grouillante de promiscuité créative d'avant la gentrification.

Car c'est bien un hommage à cette période qui vit débuter le groupe alors que la no wave battait son plein, et à cette ville, évoquée ici comme on évoque une femme, que le trio rend furieusement (tout est toujours fait furieusement chez JSBX) hommage, y puisant, comme s'il était besoin, une énergie renouvelée. Qu'on espère, les péripéties médicales laissées derrière, revenu à son plus haut niveau spencerien ; c'est-à-dire dépassant l'entendement et la mesure.

SD

Mercredi 9 mars à la Belle électrique

Rover

C'est une grosse cylindrée qu'on a prise en pleine poire lorsque Rover (bon, en fait aucun lien avec l'automobile, ça veut dire « vagabond ») a débarqué en 2012 avec son physique de troisième ligne, son manteau de deuxième et sa musique de première catégorie – celle des Bowie et des grands caméléons pop.

C'est un second coup de portière (maintenant qu'on a commencé, on file quand même la métaphore automobile) qu'on a encaissé en voyant ce colosse se dépouiller sur scène avec la détermination et l'appétit d'un Chabal à l'affût d'une épaule à démettre.

Et c'est un clou qu'il nous enfonce avec Let it Glow, second album de mise en orbite à coups d'engins 70's où le timide popeux errant semble assumer son statut de starman, comme dirait justement Bowie, en cuir et Ray-Ban. « Let it glow », littéralement « laisse briller ». Tout est dit.

SD

Samedi 12 mars à la Belle électrique

Bleu Baudoin

Le trio (devenu quatuor) grenoblois de folk song(e)s Bleu va redonner son concert dessiné imaginé en 2013 avec le dessinateur Edmond Baudoin – une figure de la bande dessinée qui a collaboré avec des titres comme Pilote ou L'Écho des savanes. Un grand moment tant musical (la musique de Bleu est une petite merveille – leur titre Battons la campagne en exemple parfait) que visuel donc (Baudoin a inspiré pas mal de dessinateurs actuels) grâce à cette « fresque musicale » construite en live : « le mélange de l’encre et du son, la fusion de deux entités contraires, arts plastiques et musiques actuelles, aspirant à un même désir de légèreté ».

Sur scène, les pépites mélodiques finement écrites de la formation emmenée par le chanteur François Thollet s’accordent subtilement avec les dessins créés en direct par Baudoin, sans que ce dernier n’ait besoin de jouer la carte de l’illustration. C’est tout simplement très beau.

AM

Mercredi 16 mars à la Source (attention : concert reporté au jeudi 12 mai)

Miossec

Lors de son dernier passage grenoblois, l'année même de ses 20 ans de carrière et de la sortie d'Ici-bas, ici-même, on disait que Miossec, qui paraissait devenu adulte à 50 ans (et donc 20 ans de carrière), nous semblait en reprendre pour 20 ans de plus. Encore faut-il savoir se renouveler (cf. Stephan Eicher, voir plus bas) et voyager léger.

C'est ce que fait Miossec avec la poursuite de sa tournée de lieux « modestes » accompagné de son « petit ensemble », un groupe qu'il a voulu acoustique et proche de lui pour se retrouver bugne à bugne avec son public, comme au temps de Boire. Des airs de tournée-jubilé ? Non, point. Miossec y présente déjà des titres de son prochain album, prévu pour le printemps. Et qui sera, comme on dit en Espagne, sa decima.

SD

Mercredi 16 mars à la Bobine

Les Détours de Babel

Bon, là, on ne va pas parler d’un concert en particulier, mais d’un festival. Et de quel festival : les Détours de Babel, dont la nouvelle édition a pour thème « alter-ego ». Si, dans la droite ligne de ce que fait à l’année le Centre international des musiques nomades qui porte ces Détours, certains projets sont musicalement très exigeants, on note dans la programmation une volonté de plus en plus forte de s’ouvrir vers de nouveaux publics grâce à la venue de têtes d’affiche. Mais des têtes d’affiche qui restent néanmoins conforme au degré d’exigence des Détours qui se présentent comme un festival des musiques du monde contemporain – en gros, une année, on avait titré « élitisme pour tous » pour qualifier l’événement.

Au rayon des grands noms, notons ainsi cette année la venue à la Belle électrique du fabuleux trompettiste Ibrahim Maalouf au succès retentissant (son concert est déjà complet), à la MC2 du très grand danseur de flamenco Andrés Marín (que l’on peut voir comme un cousin d’Israel Galván) ou encore à l’Hexagone du koriste Ballaké Sissoko dont on a souvent vanté les mérites dans nos colonnes.

On parlera donc plus longuement d’eux, et de tous les autres moins connus (il y a tout de même quelque 80 rendez-vous musicaux), en temps voulu.

AM

Du lundi 21 mars au samedi 9 avril à Grenoble et dans l’agglo

Stephan Eicher

Stephan und die Automaten. Rassurez-vous, il ne s'agit pas du téléfilm de Noël diffusé sur Arte, au lendemain du réveillon, entre le chaource et les Mon chéri, et que vous auriez donc loupé. C'est simplement le nouveau concept live de ce diable de Stephan Eicher, jamais à court d'une idée quand il s'agit de renouveler son étal, en quête de la tournée perpétuelle.

L'idée est simple et sacrément enthousiasmante : l'homme d'Engelberg (en Suisse) entourés d'instruments acoustiques (carillons, tuyaux d'orgues, bobines tesla, piano) mais automatisés. Il s’agit ainsi de proposer une réflexion ludique sur le rapport entre l'homme et la machine et la société automatisée avec, en arguments, ses grands tubes, ses classiques plus méconnus (on vous a déjà dit à quel point son dernier album, Le Sourire, est un petit bijou ?) et même quelques inédits écrits avec son alter-ego des mots Philippe Djian (dont on ne sait s'il a lui même été automatisé pour l'occasion).

Plus le temps passe, moins on parvient à se lasser de Stephan Eicher. Il faut dire qu'il ne nous aide pas.

SD

Jeudi 24 mars à la MC2

Aldous Harding

Si l'on considère qu'il existe un envers du monde où nous aurions tous une sorte de jumeau, alors la Nouvelle-Zélande serait l'envers vert de la Californie et Aldous Harding la jumelle musicale d'une de ces filles mûries dans ce repère à folkeuse qu’est Nevada City – que l'on songe à Alela Diane (surtout), Mariee Sioux ou Alina Hardin (sa quasi homonyme, c'est forcément un signe).

Depuis Lyttelton (en Nouvelle-Zélande donc), l'envoûtante Aldous ouvre les portes de notre perception à coups d'arpèges minimalistes sur lesquels elle vient poser son vibrato folk en diable. Stop your tears chante-t-elle sur un de ses titres qui n'est pas loin d'évoquer aussi des hommes, des vrais (Leonard Cohen ou Tim Hardin – décidément, voilà quelqu'un de bien nommé). Sauf que c’est plus facile à dire qu'à faire à l'écoute d'une douce musique qui, sans aucun artifice, tirerait facilement des larmes à un pilier All-Black.

SD

Jeudi 31 mars à la Bobine

Jeanne Added + Last Train

Jeanne Added, c’est la révélation de 2015 qui avait gratifié la Source d’un concert grandiose en octobre pendant lequel elle avait défendu avec conviction et prestance son mélange de post-punk-électro et de pop-grunge. La voir repasser cinq mois plus tard dans une beaucoup plus grande salle confirme que le phénomène n’en est qu’à ses débuts (malgré le fait qu’elle a déjà une longue carrière derrière elle dans le jazz).

Une tête d’affiche sensationnelle donc, qui sera précédée sur scène par l’une des autres sensations de 2015 : le rock de stade des (jeunes) Mulhousiens de Last Train dont tout le monde dit du bien depuis quelques mois. Il fallait les voir en octobre au Snowboard Garden Festival : une véritable déflagration presque trop intense pour l’immense et pas très rempli à cette heure-là Palais des sports. La Belle électrique leur ira assurément comme un gant.

AM

Samedi 16 avril à la Belle électrique

Nada Surf

Comme prescient de ce que pouvait bien être le succès, en décrivant le système de valeur à l'œuvre dans la société américaine et particulièrement son incubateur (les lycées), Nada Surf entama sa carrière par une réflexion sur la popularité qui s'avéra être un tube mondial – Popular, souvenez-vous. Le problème avec les tubes, c'est qu'à force de se faire traîner derrière vous, ils se transforment en boulet. Et que ce boulet grossit comme la pelote fécale du bousier, le reste de votre œuvre se trouvant occulté par cet encombrant objet à qui il est impossible d'en vouloir puisqu'il vous a fait.

Eh bien malgré tout, Nada Surf est l'un des plus beaux exemples de carrière poursuivie comme si de rien n'était : à aucun moment, en 20 ans de carrière, ils n'ont tenté un Popular 2 et c'est sans doute ce qui leur a permis de coller quelques autres tubes, bien plus discrets, dans 14 578 bandes originales de films ou séries et au creux d'albums souvent indispensables. Et de garder à leurs côtés quelques nombreux fidèles, dont vous êtes sûrement.

SD

Lundi 25 avril à la Belle électrique

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