Un jour, au détour d'une onde radiophonique, le terme de « ville-monde » arrive jusqu'aux oreilles du galeriste et photographe François-Marie Périer. Il n'en fallait pas plus pour qu'il regroupe autour de lui quatre autres photographes et monte une exposition qui explore la ville, de par le monde. Direction Shanghai, Moscou, New York, Boston, Buenos Aires et San Francisco.
Trouver de la poésie dans le terme de « ville-monde » n'est pas chose aisée, et pourtant le galeriste François-Marie Périer a su, alors qu'il jetait une oreille dans la mer radiophonique des ondes françaises, déceler en ces deux mots toutes les images séduisantes qui pouvaient émerger. En prenant ainsi pour genèse la notion de « ville-monde », il a convoqué plusieurs photographes afin de faire un tour du monde photographique des capitales, de New York à Moscou en passant par Shanghai.
Entre clichés de rue humanistes et visions d'espaces architecturaux, la galerie La Vina présente cinq artistes aux regards très différents. À Shanghai, Xiao Min nous plonge au cœur des enfilades structurées d'une ville qui semble déshumanisée entre béton et lignes de forces dépassant l'homme. Le regard se trouve noyé dans une abstraction géométrique qui isole l'être humain, sur fond argentique noir et blanc.
Damien Lorek, lui, use du noir et blanc pour sublimer Moscou entre horizon glacé semblable à une peinture et portrait d'une population en pleine mutation. Ses compositions, dans lesquelles la perspective et la lumière influent sur le cadre, dévoilent des fragments de vie dans l'atmosphère froide de la ville, où demeurent des vestiges de l'URSS.
Dans la rue
De portrait il est également question avec Phil Collier, photographe américain qui présente une série de clichés réalisés dans les années 1970 à New York et Boston. Mais sur sa pellicule en noir et blanc, l'artiste propose un autre regard de la rue, proche du photographe américain Garry Winogrand, figure de la photographie de rue du milieu du XXe siècle. Arpentant les trottoirs de la grosse pomme, Phil Collier est à la recherche avant tout de l'être humain plus que de son environnement citadin. Entre manifestation, ségrégation et joueur de guitare, le photographe capte l'essence de âmes à travers des photographies humanistes, pour écrire l'histoire.
Raconter la vie des gens est également l'objectif de Fernando Suarez dont les images oscillent entre couleur et noir et blanc à travers Buenos Aires, afin de dévoiler le quotidien urbain. Des anciens combattants manifestant pour leurs droits côtoient des habitants d'un quartier tout entier. Les portraits réalisés en noir et blanc puis recolorisés présentent des nuances étranges, donnant aux personnes une quasi-aura de super-héros, entre réalisme et vision sublimée des êtres.
Enfin, les couleurs chez François-Marie Périer sont au contraire naturelles et renvoient à la douceur de San Fransisco. De rue en rue, le galeriste-photographe est parti à la recherche de « l'instant décisif » comme le disait si bien Henri Cartier-Bresson. En découle une grammaire particulière entre moment suspendu et course floue des hommes d'affaires.
Villes-monde, jusqu'au lundi 18 janvier, à la galerie La Vina