Steph Hibou, oiseau de nuit

Via Dolorosa

Bauhaus

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Animateur radio, DJ, producteur, organisateur de soirées, directeur de label, photographe, réalisateur, patron de bar… En activité depuis l’aube des années 1990, Steph Hibou est sûrement l’un des secrets les mieux gardés de tout Grenoble. Sans doute parce qu’il a compris mieux que personne qu’on n’évoluait jamais aussi librement que dans l’obscurité. À l’occasion des quinze ans de son label Posthume Records, rencontre avec un activiste aussi discret que passionné. Damien Grimbert

Dans le milieu culturel grenoblois, il y a ceux qui font beaucoup de bruit et ceux qui préfèrent rester tapi dans l’ombre pour mieux construire sur le long terme. Assurément, Steph Hibou fait partie de la deuxième catégorie. Passionné par la musique gothique qu’il découvre au feu Magic de Fontaine, il lui dédie à partir de 1990 Black Planet, une émission thématique sur Radio Kaléidoscope (RKS pour les intimes). Avec l’arrivée des premières raves dans la région en 1992, il décide de s’ouvrir à cette nouvelle sphère musicale en scindant son émission en deux : d’un côté Black Planet pour les sonorités gothiques, EBM et indus, et de l’autre White Planet, plus axée rave et techno.

Rapidement, l’émission se met à accueillir les premiers DJs techno de la région, tandis qu’Hibou s’initie lui-même à cette discipline, d’abord par le biais des « jeudis gothiques » organisés au Dock, puis en écumant progressivement les soirées de la région. Encore rassemblées sous l’étiquette généraliste « rave music », les musiques électroniques ne vont pas tarder à se spécialiser, permettant ainsi au jeune DJ de se découvrir, par l’intermédiaire de l’artiste Belge Liza ‘N’ Eliaz, une nouvelle passion : la techno hardcore.

Toujours plus investi dans la discipline, il fonde en 1996 avec quelques amis l’association Le Manège Enchanté. Pendant quelques années, le collectif qui mêle dans ses soirées trance, jungle, drum’n’bass, hardcore et tribe officie en tant que résident dans deux lieux aujourd’hui disparus (le bar Le Broadway et la salle L’Entrepôt) tout en se produisant régulièrement dans différentes soirées de la région.

Nouvelle ère

Pour Steph Hibou, la fin des années 1990 va apporter plusieurs changements décisifs : des déménagements successifs (à Londres, Paris, puis de nouveau Londres) mais également ses premiers pas en tant que producteur musical, home studio à l’appui. 2001 va alors marquer l’acte de naissance de son label Posthume Records, toujours en activité quinze ans plus tard. D’abord orienté spécifiquement techno hardcore, le label va ensuite s’ouvrir progressivement à de nouvelles influences : ambient atmosphérique, trip-hop lancinant, pop synthétique… Avec toujours, on ne se refait pas, une prédilection pour les ambiances sombres et mélancoliques.

Entamé au format vinyle, Posthume Records passe ensuite au format CD en 2008, puis au digital en 2011, accumulant les sorties à un rythme sans cesse croissant (près de cinquante références à ce jour). L’occasion pour notre homme de s’aventurer dans différents projets collaboratifs (The Martyrs Of Doom, Contagious Sense, This Mortal Core, Strangeries Of Love…), mais également de sortir des EPs de jeunes artistes locaux comme Lokom ou David F.

À cette progression dans le nombre des sorties va également s’ajouter une curiosité croissante pour de nouveaux champs artistiques. Celui de la vidéo dans un premier temps avec, après quelques premières tentatives dans la seconde moitié des années 2000, la sortie de deux vidéoclips plus ambitieux (Destinée et Le Monstre du Placard) et d’un court-métrage expérimental de 16 minutes en 2013 (Loneliness). Et, plus récemment, celui de la photographie, qui va l’amener à présenter à partir de lundi sa première exposition au Bauhaus.

Monstres et Cie

Intitulée Via Dolorosa, cette exposition en tant que photographe sera, il l’explique, axée autour de l’iconographie religieuse : « C’est un thème qui me tient particulièrement à cœur, car il fait écho à une imagerie gothique qui me fascine depuis longtemps, avec une certaine tristesse, mais qui peut être aussi porteuse d’espoir, c’est quelque chose d’assez ambigu, avec aussi un peu d’histoire humaine qui est racontée. »

Dernière étape en date enfin du parcours de Steph Hibou, l’ouverture fin 2014 de La Mezzanine, un bar artistique situé au 112 cours Jean-Jaurès qui synthétise d’une certaine manière l’ensemble de ses centres d’intérêt. Accueillant soirées musicales thématiques, expositions, lectures, ateliers photo et écriture, le lieu, créé avec l’ambition de « promouvoir l’art et la culture autour d’un verre », s’est ainsi rapidement inséré dans le paysage nocturne grenoblois, même si parmi les clients du bar, tous ne connaissent pas forcément le parcours antérieur de son fondateur.

Une ignorance qui s’explique sans doute par la discrétion et la modestie dont fait preuve Steph Hibou, lui qui semble avoir toujours préféré la liberté et l’indépendance à la chaleur des projecteurs. On sera bien les derniers à le lui reprocher.

Exposition Via Dolorosa de Steph Hibou, vernissage lundi 8 février à 19h au Bauhaus

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