Et si Leonardo DiCaprio remportait enfin l'Oscar du meilleur acteur pour sa performance dans "The Revenant" d'Alejandro González Iñárritu ? Histoire de conjurer la malédiction...
“Caramba, encore raté !” C'est une phrase de ce goût qu'Iñárritu lâchera si, par malheur, Leonardo DiCaprio quittait bredouille le Dolby Théâtre à l'issue de la 88e cérémonie des Oscars prévue ce dimanche 28 février. Depuis vingt-deux ans, le comédien joue de malchance : régulièrement nommé, il semble frappé par une malédiction qui ressemble à celle de Peter O'Toole et Kirk Douglas, jamais récipiendaires de la fameuse statuette malgré de multiples citations – obligeant l'Académie, embarrassée, à leur décerner un trophée d'honneur.
Pour Leo, la série noire commence en 1994, avec un second rôle dans Gilbert Grape : trop tendre du haut de ses 19 printemps, il ne fait pas le poids face au buriné Tommy Lee Jones, qui emporte la mise avec Le Fugitif. Ignoré par la profession l'année de Titanic (alors que Kate Winslet était en compétition), il revient en lice en 2005 porté par les ailes de l'Aviator de Scorsese ; mais les votants n'ont d'yeux cette année-là que pour Jamie Foxx dans Ray. Transformé en aventurier africain pour Blood Diamond en 2007, il est surclassé par Forest Whitaker, qui avait eu la même idée en campant Idi Amin Dada dans Le Dernier Roi d'Écosse. Après un septennat de disette, DiCaprio resurgit doublement en 2014 en concourant dans la catégorie “meilleur acteur” et “meilleur film” (en tant que coproducteur) pour Le Loup de Wall Street de l'oncle Scorsese. Résultat : une déconvenue, plus amère encore, puisque c'est son partenaire Matthew McConaughey (interprétant dans le film son mentor aimant se frapper sur la poitrine pour rythmer ses chants rituels) qui ravit la récompense pour Dallas Buyers Club, et Brad Pitt qui empoche celle du meilleur film pour 12 Years a Slave.
Se présenter cette année en tant que lauréat du Golden Globe ne fait pas, hélas pour lui, de DiCaprio un favori : il était déjà détenteur de la récompense pour Aviator et Le Loup de Wall Street. Son “ancienneté” dans la course ne lui est, non plus, d'aucun secours : les Oscars adorent encenser des quasi inconnus. Et puis la prime au sortant est toujours possible : à ce titre, Eddie Redmayne reste un concurrent dangereux avec l'abominable The Danish Girl... Malgré cela, les votants portant leur voix de manière systématique et grégaire sur les biopics tragiques (célébrités malades, handicapées, victimes etc.), ils ont, avec l'histoire de Hugh Glass, un film correspondant en tout point à leurs critères. Réponse dimanche...