L'Exil à l'écran : quand le cinéma abolit les frontières

Zoom sur l'événement organisé par le collectif Migrants en Isère.

Bien que la situation au Proche-Orient ne cesse de se dégrader, la jungle de Calais a été vigoureusement évacuée, et un accord entre l’Union européenne et Ankara vient d’être validé visant à renvoyer en Turquie tous les migrants arrivant en Grèce… Bref, les autorités rivalisent d’ingéniosité “courageuse” pour déplacer le problème des déplacés. Depuis début mars, le collectif Migrants en Isère aborde de front la douloureuse situation de ces populations forcées de fuir leur pays d’origine à travers le langage du cinéma, en organisant le festival L’Exil à l’écran.

Un événement inscrit dans le cadre de La Quinzaine contre le racisme et les discriminations, se diffusant largement dans l’agglomération grenobloise, et dont l’ultime semaine réserve encore quelques rendez-vous marquants. Comme l’avant-première du documentaire Entre les frontières de Avi Mograbi, traitant du cas des demandeurs d’asile africains en Israël, ou Les Invisibles de Pascal Crépin, consacré aux oubliés de Sangatte.

Deux fictions complètent le tableau : le très brut Hope (2014) de Boris Lojkine, détaillant sans complaisance le calvaire de ceux (et celles) qui tentent de franchir la Méditerranée, après un pénible cheminement à travers l’Afrique subsaharienne. Enfin, pour rappeler que les migrations d’hier participent de l’édification des grandes nations d’aujourd’hui, le Good Morning Babilonia (1987) des frères Taviani – lequel se double d’une évocation somptueuse du cinéma des premiers temps à travers le tournage du fameux Intolerance de Griffith. Naturellement, chaque séance est prolongée par un débat.

VR

L’Exil à l’écran, jusqu’au 6 avril au Méliès, au Cinéma Juliet-Berto (Grenoble), Mon Ciné (Saint-Martin-d’Hères), Jeu de Paume (Vizille), Art et plaisirs (Voreppe) et Les Écrins (Bourg-d’Oisans)