Après plusieurs courts, le cinéaste se lance dans le long-métrage avec "Vendeur" mais conserve son attachement pour les personnages cabossés, nouant avec leur travail des relations ambiguës...
Vendeur n'est-il pas avant tout un film sur les addictions ?
Sylvain Desclous : La plus importante est celle du personnage principal vis-à-vis de son métier ; les autres (cocaïne, alcool, cigarette, call-girls...) se greffent sur son parcours et sont accessoires. Je suis fasciné par les personnes qui se dévouent corps et âme à leur métier, quel qu'il soit. Je me suis toujours demandé quel était le prix à payer, quels que soient les succès et les honneurs reçus ; ce qu'on a payé, ce qu'on a fait payer – et à qui. Le point de départ du film est là.
La première séquence montre un stage de motivation très proche d'une induction sectaire. Correspond-elle à la réalité ?
J'ai gagné ma vie à un moment dans l'organisation de séminaires d'entreprises, et je l'ai vu faire dans tous les domaines d'activité : se mettre en cercle et pousser un cri primal pour se donner de l'énergie... Cette pratique est calquée sur des usages sportifs. À la mi-temps, il est fréquent qu'une équipe de rugby se regroupe de cette manière. C'est un moyen de se souder avant d'affronter l'adversaire. En filmant la séquence de cette manière et en la plaçant à cet endroit, je voulais restituer l'image renfermée de ce milieu pour les gens qui y travaillent, et en effet à quel point il pouvait sembler sectaire pour ceux qui le regardent de l'extérieur.
Avez-vous montré le film à des vendeurs ?
Oui, en décembre. Les jeunes l'ont bien aimé : ils ont trouvé que le miroir tendu sur la profession était assez juste, même s'il était cruel. En revanche, pour les plus anciens, le miroir était uniquement cruel...