Le Festival des Arts du Récit est de retour pour sa 29e édition. Douze jours dédiés aux contes sous toutes ses formes que nous présente sa directrice.
C'est la 29e édition du festival, mais seulement la deuxième pour vous à sa tête...
Martine Carpentier : Oui, on va même dire la première complètement aux manettes et à la programmation. L'année dernière, il y avait déjà une couleur, mais on était quand même en fin de comète de la 27e édition.
Après toutes ces éditions, arrivez-vous à dessiner un profil des conteurs présents lors du festival ?
Je ne dirais pas un profil mais une dynamique qui commence à apparaître. J'ai choisi de programmer à peu près 70% de conteurs qui ne sont jamais venus au festival. Je n'aime pas trop les chiffres mais cela donne toujours des indications. Ce sont des conteurs de 12 nationalités différentes. Et puis sur les 37 spectacles, il y 14 créations. Les artistes que j'accueille cette année se frottent à d'autres disciplines artistiques. On a vraiment des croisements : musique, danse, chant...
En nouveauté, il y a aussi cette volonté de s'approprier l'espace public. C'est-à-dire revenir à une proximité, à une oralité : des contes, mythes et légendes que les gens peuvent entendre par des groupes qui vont circuler dans la rue. Les conteurs ont cette particularité de véhiculer des histoires qui ont parcouru le monde, traversé des frontières, et qui se réinventent depuis des millénaires. Aujourd'hui, on est étouffés par les cris, par les mots, par l'écrit aussi. Revenir à cette position d'écouteur, ça me semble déjà une ouverture au monde fondamentale.
Il y a beaucoup de femmes programmées cette année, comme Les Femmes battantes qui viennent de Côte d'Ivoire : c'était important pour vous ?
Je pense que quand on est femme, on a toujours cette interrogation. Dans le conte, il y a énormément de femmes, et leur place est importante, c'est ce qui a été intéressant dans le tricotage de cette programmation. Je ne suis pas quelqu'un du conflit. Du combat, oui. Je trouve qu'il y a tellement de femmes qui sont caricaturées. Dans le milieu culturel aussi, il faut donner plus de place aux femmes qui sont des créatrices, qui ont un autre langage, une autre approche... Je pense aussi à toutes les femmes qui sont cantonnées ou qui sont voilées, qui ont besoin de s'exprimer, de respirer et d'être sur la place public.
L'année prochaine aura lieu la 30e édition du festival...
Là, j'ai vraiment envie d'être dans la création, l'invention et la participation de tous à ces 30 ans, pour ne pas figer le Centre des Arts du Récit. Je me bats pour que cet anniversaire soit la valorisation de cette aventure et l'aspiration à quelque chose de plus large.
Les Arts du Récit, du 9 au 21 mai à Grenoble et dans l'agglo