"The Neon Demon" : beauté fatale

The Neon Demon
De Nicolas Winding Refn (ÉU, 1h57) avec Elle Fanning, Jena Malone...

Retour en grâce pour Nicolas Winding Refn alias NRW (puisque c'est ainsi qu'il sigle son nom au générique) avec un conte initiatique : celui d'une gamine partant à la conquête du monde de la mode. Le récit d'une ambition dévorante et dévorée, à la superbe... superbe.

Comme une promesse, ou une métaphore de cette foire aux vanités qu'est l'industrie de la mode, la première séquence de The Neon Demon offre un condensé glaçant de sang, de flashs et de voyeurisme. Mais on aurait tort de se fier à ce que l'on a sous les yeux : derrière la splendeur et la perfection sans défaut de l'image ; derrière les surfaces lisses et les miroirs, tout est factice. La beauté pure n'existe pas, et lorsqu'elle surgit sous les traits de Jesse, elle est perçue comme une anomalie, une monstruosité dans cet empire des apparences et de l'illusion. Un élément discordant qui va se corrompre en pervertissant son entourage – la pomme cause-t-elle le ver, ou bien le ver détruit-il la pomme ; toujours est-il que la réunion des deux gâte l'ensemble.

Aux antipodes de la superficialité clinquante de l'ère des supermodels et de sa foule de mondains papillonnant dans la lumière déjà croquée par Altman dans Prêt-à-porter (1994), Nicolas Winding Refn signe une œuvre nocturne, intérieure et solitaire. Lorsqu'il filme Jesse en train de défiler, il capte l'accomplissement d'une transfiguration – la jeune femme prenant progressivement conscience de son image, donc son pouvoir d'attraction, y compris sur elle-même.

Film sur des vampires se nourrissant symboliquement de la beauté (créateurs de mode, photographes, consommateurs de papier glacé...), The Neon Demon est en soi un film-vampire puisque l'esthétique ultra léchée de Refn depuis Drive semble épouser, refléter et se nourrir des couleurs saturées ou contrastées prodiguées par la publicité. Sa palette vise à érotiser l'image, à faire de chaque photogramme un objet composé achevé – et surtout un objet de désir. Difficile de ne pas succomber à sa venimeuse séduction.

The Neon Demon de Nicolas Winding Refn (É.-U., 1h57) avec Elle Fanning, Jena Malone, Bella Heathcote...

à lire aussi

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 6 octobre 2020 ★★★☆☆ De Natalie Erika James (É.-U.-Aust., int.-12 ans, 1h29) avec Emily Mortimer, Robyn Nevin, Bella Heathcote… En salles dès le 7 octobre
Mardi 20 décembre 2016 Il a suffi d’un rapide sondage au sein de la rédaction pour retenir, parmi les centaines de longs-métrages sortis en 2016, une dérisoire poignée de favoris.
Mercredi 22 mai 2013 Nicolas Winding Refn rate le virage post-"Drive" avec ce film vaniteux qui ressemble à l’œuvre d’un chef décorateur surdoué cherchant sans y parvenir quelque chose à raconter. Christophe Chabert
Vendredi 6 avril 2012 De Francis Ford Coppola (EU, 1h29) avec Val Kilmer, Elle Fanning, Bruce Dern...
Mercredi 28 septembre 2011 Filmographie / Non seulement il y a eu une vie avant Drive pour le réalisateur danois, mais elle fut riche en uppercuts cinématographiques. François Cau
Mercredi 28 septembre 2011 Déjà remarqué avec la trilogie Pusher et le brillant Bronson, Nicolas Winding Refn s’empare d’un polar de série B trouvé par son acteur Ryan Gosling et le transforme en magnifique geste de mise en scène, jouissif d’un bout à l’autre, remettant au...

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X