de Pascal Bonitzer (Fr., 1h38) avec Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste, Lambert Wilson...
Intrigante, cette propension qu'a Bonitzer à s'enticher de héros peu sympathiques, et à les sadiser pour faire bonne mesure – cette perversion d'auteur doit certainement revêtir un nom ; elle a en tout cas un public. Ici, il jette son dévolu sur Nora, une Rastignac froide (pour ne pas dire frigide) jouant les Électre dans le monde tortueux de la finance, où tous les coups sont recommandés. Le rôle de cette jeune arriviste, au plan de carrière contrecarré par l'irruption d'affects personnels aussi divers que la possession amoureuse ou le désir de venger son père, il le confie à sa fille à la ville, Agathe – histoire d'ajouter une grille de lecture psychanalytique trouble à son film.
Nora n'est pas la seule à être peu aimable : ses aînés sont une bande de socio-traîtres ayant remisé leurs idéaux au profit... du profit, justement, ou bien des névropathes devenus dépressifs, déments ou alcooliques. Bref, personne ou presque ne semble digne d'être sauvé. Disséminant çà et là quelques-unes de ces démonstrations professorales dont il raffole (comme s'amuser à prédire les comportements), Bonitzer confirme surtout son goût de moraliste et s'offre même une envolée fantastique inattendue : la disparition soudaine d'un personnage. Le genre de rupture propre à réveiller un film, et à le basculer (au moins un temps) dans l'univers de Ruiz ou d'Haneke.
Ah, et sinon, il y a Vincent Lacoste, comme partout ailleurs...