d'Alain Guiraudie (Fr., 1h40) avec Damien Bonnard, India Hair, Raphaël Thiéry...
On peut compter sur Alain Guiraudie, réalisateur du fameux Inconnu du lac, pour montrer autre chose de la vie à la campagne qu'une symphonie pastorale avec bergère menant son troupeau sur le causse et paysan bourru labourant à bord d'un tracteur écarlate. Si dans ses films, le cultivateur est gay comme le bon pain et met volontiers la main sur la braguette du godelureau de passage (au cas où), l'homosexualité rurale, dévoilée ou contrariée, n'est pas sa seule source d'inspiration.
Guiraudie parle en annexe de la pluie et du beau temps, c'est-à-dire de la misère des villes et des champs, des gens en lutte ou en solitude. Une sorte de chronique sur un mode absurdo-comique, scandée d'images oniriques, portée par son grand dadais de héros, un procrastinateur à l'impassibilité majuscule.
Le tableau pourrait être très plaisant (comme dans son picaresque Roi de l'évasion) ; hélas Guiraudie, feignant d'ignorer que le mieux est l'ennemi du bien, surcharge ici inutilement la barque : un vieux profère quelques jurons ? Le voici atteint de coprolalie, déversant des quintaux d'insanités. Le personnage principal se fait berger ? Aussitôt lui pousse le pire postiche de barbe jamais filmé. Et l'on passe sur les gags plombés par leur répétition ou leur prévisibilité...
Les amateurs parleront de dandysme bucolique dans l'écriture et la réalisation ; les spectateurs objectifs de désinvolture.