En mai dernier, on évoquait l'annulation possible de l'édition 2016 de Rocktambule, monument grenoblois de 22 ans piloté par le Pôle musical d'innovation (PMI). Mais on vient d'apprendre que ce sera finalement pire que ça : le festival et le PMI disparaissent tous les deux. On fait le point.
« C'est avec une profonde tristesse que nous vous informons de la liquidation judiciaire et donc de la disparition du Pôle musical d'innovation et du festival que portait ce collectif : Rocktambule ; prononcée par le tribunal de grande instance de Grenoble le 15 juillet 2016. » Voilà comment commence le long mail envoyé notamment à la presse ce mardi 19 juillet.
Pourtant, dans notre article de mai dernier au sujet des difficultés que rencontre Rocktambule, plusieurs politiques assuraient vouloir sauver le festival, même si ça allait être « difficile ». En cause : un trou dans la trésorerie de 100 000 euros dû à une édition 2015 qui n'avait pas terminé à l'équilibre. D'où une demande d'"année blanche" faite aux différentes tutelles pour tenter de redresser la barre et repartir ainsi sur des bases plus saines.
Sauf que certaines collectivités n'ont pas suivi, « malgré leurs engagements oraux de fin 2015 », ce qui ne « permet pas d'envisager un redressement de la structure ». « Seuls le CNV (Centre national de la chanson, des variétés et du jazz), les parlementaires PS et le nouveau Conseil départemental ont souhaité marquer leur soutien. » Plus loin : « Si la Région Auvergne-Rhône-Alpes n'a pas souhaité donner ne serait-ce qu'une réponse, la Ville de Grenoble et la Métro ne sont, nous ont-ils dit, pas en capacité techniquement d'intervenir : un comité d'avis pour les uns, pas de compétence culturelle pour les autres. »
The end
C'est donc la fin d'une très belle aventure de 22 ans qui a connu ses hauts et ses bas (dont une annulation en 2013 ; et on titrait déjà en 2010 « Il faut sauver le soldat Rocktambule ») ; qui a fortement marqué le paysage culturel grenoblois même si elle n'est pas toujours arrivée à se renouveler.
« Nous, membres du bureau et de la direction, assumons les choix ambitieux qui ont été faits pendant 22 ans. Choix de défendre les musiques actuelles, de façon transversale, en concertation avec les professionnels des autres secteurs culturels ou non. Choix de travail de terrain au détriment du travail de communication. Choix de défendre une éthique basée sur l'éducation populaire. Choix des collaborateurs, partenaires et prestataires locaux en accord avec les valeurs du développement durable et de l'économie sociale et solidaire. Choix de l'écoute, de la co-construction, pour un maillage et un échange de connaissance-reconnaissance des territoires. Choix de s'impliquer dans les réseaux pour défendre les projets grenoblois au national. »
Du côté du PMI, c'est donc aussi la liquidation, même si chaque structure qui le composait (Retour de Scène – Dynamusic, Hadra, la Bobine, les Amis du Travailleur Alpin, le Stud/AmpéRage...) continue ses activités de façon autonome.
Avant de partir, l'équipe de Rocktambule a tourné une petite vidéo récapitulative, avec bien sûr son fameux panda. La voici :