Interview / Ça bouge cette rentrée du côté de la Cinémathèque de Grenoble, officiellement pilotée depuis deux mois par sa nouvelle directrice Peggy Zejgman-Lecarme. Interview express.
Une femme donc à la tête de l'institution grenobloise cinquantenaire – une première –, et une directrice qui, première là aussi, n'a jamais connu l'emblématique fondateur des lieux Michel Warren, mort en 2015 : ça en fait du changement du côté de la Cinémathèque de Grenoble.
On est donc partis à la rencontre de Peggy Zejgman-Lecarme dans son bureau rue Hector Berlioz, pour en savoir un peu plus sur les intentions de cette nouvelle figure de la scène grenobloise âgée de 36 ans, née à La Tronche et au parcours très cinéma – après des études de lettres modernes et de cinéma à Paris, elle a travaillé dix ans dans des cinémas art et essai de la région avant de rejoindre le conseil général de Haute-Savoie en tant que chargée de mission cinéma et éducation à l'image. « Je suis heureuse de revenir dans une structure qui a un vrai lien avec le public. »
Vers la Cinémathèque de demain et au-delà
Concrètement, si elle restera bien « dans la continuité du travail » des deux précédents directeurs, avec une réflexion déjà entamée sur l'édition des 40 ans du fameux festival du film court en plein air prévue l'été prochain, elle arrive avec pas mal de questions dans ses bagages. Notamment : « Qu'est-ce qu'une cinémathèque au XXIe siècle ; qu'est-ce que ça veut dire d'être un lieu de mémoire du cinéma et de l'image alors qu'on est dans une démultiplication de l'image ? »
Des questions parmi d'autres (celle du financement est aussi sur le tapis en cette période où la puissance publique tend à réduire ses subventions – « le modèle économique doit évoluer »), mais aussi des envies, comme celle de s'atteler à la « mise en avant encore plus forte des collections : le fonds films avec la question de la numérisation, mais aussi le fonds de non-films (affiches, dossiers, ...) impressionnant de la Cinémathèque », dans le but de continuer à faire vivre ce « lieu pour tous » qu'elle veut « ouvrir encore plus aux différents publics ».
Sur la programmation, dont le cœur bat à la salle Juliet Berto, elle mettra « tout doucement sa touche par endroit », celle de rentrée ayant été en partie pensée avant son arrivée par le précédent directeur Guillaume Poulet et le bureau de l'association. Mais au vu de son « éclectisme » cinématographique revendiquée (« J'aime énormément le cinéma de genre, les films de zombie – ceux de 1920 comme ceux d'aujourd'hui ! –, le cinéma de Bollywood... Et en même temps j'ai fait mon DEA sur Truffaut et commencé une thèse sur la Nouvelle vague ! ») et de son rapport très fort au cinéma (« Un jour j'ai fait une réponse très fleur bleue à l'un de mes fils qui me demandait pourquoi je faisais ce métier : parce que le cinéma parle à mon cœur ! »), on suivra ses premiers pas avec grand intérêt.