de Jérôme Salle (Fr., 2h02) avec Lambert Wilson, Pierre Niney, Audrey Tautou...
Rien de tel qu'un biopic pour hameçonner public et récompenses. Alors imaginez qu'on en consacre un à l'icône Jacques-Yves Cousteau... c'est du dragage dans les grandes profondeurs ; de la pêche à la dynamite – pour reprendre ses gaillardes méthodes de recensement des espèces pélagiques. Sauf que "JYC", comme tout un chacun, n'était pas clair comme de l'eau de roche et Jérôme Salle n'a pas réussi à trancher entre l'hagiographie consensuelle ou l'étude critique des nombreuses vies du bonhomme. Faussement âpre pour ne pas paraître (trop) complaisant, son film est pareil à un grand livre privilégiant les belles images en couleurs, arrachant celles qui seraient trop ternes ou gênantes – ah, l'art pratique de l'ellipse !
Si Jérôme Salle ménage la dorure de la statue du Commandant, il montre cependant la course perpétuelle après l'argent de cet utopo-égoïste plus imbu de sa propre publicité et de ses aventures que du destin de ses proches ou de celui de la planète. Le vieux cabot de mer s'est mué sur le tard en héraut de l'environnement : une conversion devant beaucoup à son fils Philippe (Pierre Niney), et au fait que son audience déclinait.
À l'écran, le premier poste est visiblement le latex : pendant qu'Audrey Tautou, alias Mme Cousteau, se bouffit à l'alcool, Lambert Wilson (lorsqu'il ne fait pas de concours de côtelettes avec Pierre Niney ou ne parle pas anglais avec le pire des accents) se couvre de rides en plastique. Si tous les maquillages du film ont été recyclés, il y aura de quoi faire un radeau de sauvetage.