Ah, la Belle Époque selon Vincent Peirani et Émile Parisien

Voilà sans doute l'un des duos les moins traditionnels de la musique actuelle. D'un côté, Vincent Peirani et son accordéon, de l'autre, Émile Parisien et son saxophone soprano. L'un comme l'autre comptent parmi les musiciens de jazz les plus talentueux de leur génération.

Après une rencontre fortuite par l'intermédiaire du batteur Daniel Humair en 2009, les deux compères étaient condamnés à travailler ensemble. Parce qu'ils partagent une vision de la musique similaire, un goût de l'aventure et de l'exotisme et une excentricité réfléchie qui les poussent à repousser les frontières d'un genre parfois très codifié.

Excentricité maîtrisée

Sur Belle Époque (2014), premier album du duo, on est frappés par la complicité entre les deux hommes. Quand l'un met savamment en retrait son talent, c'est seulement pour laisser l'autre exprimer pleinement le sien. Sur des airs de Sidney Bechet et Duke Ellington, saxophone et accordéon se prennent la main pour une promenade enjouée dans le Paris de la Belle Époque.

Souvent, ces deux instruments amoureux se complètent avec merveille, notamment sur Song of Medina (Casbah), aux teintes rock'n'roll plus qu'assumées. Mais c'est bien quand ils s'enlacent que ces deux tourtereaux sont les plus beaux. Dancers in love n'aura jamais aussi bien porté son nom.

Sacrés aux Victoires du Jazz en 2014, Vincent Peirani et Émile Parisien n'en finissent plus d'étonner avec leurs performances lives habitées et maîtrisées. Ils sont un vent de fraîcheur sur la scène jazz française. Pas seulement parce que leur duo apparaît comme excentrique. Mais parce que leur excentricité n'est pas forcée. Elle est l'expression simple d'une amitié qui se traduit en musique.

À eux deux, Vincent Peirani et Émile Parisien réinventent une forme d'expression du jazz sans jamais trop s'éloigner des traditions. Belle Époque est le résultat de la fusion de ces traditions et de cette excentricité novatrice. Après leur plongeon tête baissée plus d'un siècle en arrière, les deux musiciens sont revenus avec quelques années d'avance.

Vincent Peirani et Émile Parisien
À l'Hexagone (Meylan) mardi 6 décembre à 20h