« Nous n'avons pas pu tourner le film en Afghanistan »

Wolf and sheep
De Shahrbanoo Sadat (Afg-Dan-Fr-Sue, 1h26) avec Sediqa Rasuli, Qodratollah Qadiri...

Jusqu’alors spécialisé dans le documentaire, Xavier Rocher a coproduit avec sa jeune société La Fabrica Nocturna "Wolf and Sheep", le très réussi premier film de Shahrbanoo Sadat. Une aventure franco-dano-suédo-tadjiko-afghane…

Pourquoi ce film arbore-t-il autant de pavillons nationaux différents ?

Xavier Rocher : La réalisatrice a porté ce projet pendant presque 7 ans. Elle est passée par plusieurs programmes de formation et plateformes de rencontres ; elle l’a notamment développé au sein de la Cinéfondation du Festival de Cannes. C’est comme cela qu’on l’a rencontrée, avec plusieurs producteurs associés danois et suédois.

Une production strictement afghane était-elle inenvisageable ?

Il n’y a plus vraiment de production en Afghanistan. Quant aux salles de cinéma… Elles ont à peu près disparu, transformées en parking. Les quelques lieux où l’on peut voir des films à Kaboul sont l’Institut français ou le Goethe institut. C’est pour cela qu’on est obligé de travailler en coproduction internationale : on cherche des financements destinés à soutenir ce type de cinéma. On en trouve un peu dans plusieurs pays, car il n’y en aurait pas eu assez dans un seul pour monter le budget du film. Malgré cela, les embûches d’un tel tournage n’étaient pas que financières, puisque nous n’avons pas pu tourner en Afghanistan alors que c’était très important pour Shahrbanoo.

Pour quelle raison ?

Pour garantir la sécurité de l’équipe internationale, on a dû délocaliser le tournage quelques centaines de kilomètres plus au nord, au Tadjikistan. Ce qui a posé d’autres problèmes logistique et diplomatiques : il a fallu reconstruire un village le plus authentique possible, là-bas pour montrer une image de l’Afghanistan qu’on n’a pas l’habitude de voir… et qui est pourtant celle de la majorité du pays.

Votre sélection à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes est-elle liée à la résidence à la Cinéfondation ?

Non, il n’y a pas de relation directe. Cela dit, les films développés au sein de la résidence disposent naturellement d’un label de qualité, qui éveille l’attention des sélectionneurs dans les festivals. Cela crée un peu plus d’intérêt. Au-delà, la Quinzaine a permis d’exposer davantage le film, de le faire découvrir à des gens du monde entier. Mais aussi d’être mieux engagés pour trouver un distributeur en France : Pretty Pictures m’a ainsi contacté dès le jour de l’annonce de la sélection du film à la Quinzaine. Les distributeurs apprécient quand il y a une sélection au Festival de Cannes ; c’est un élément qui donne de l’ampleur, et leur permet de travailler dans de meilleures conditions.

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