Depuis plus d'un an, Yael Naïm et le Quatuor Debussy (deux violons, un alto et un violoncelle) sont tombés en amour. Un amour qui prend la forme d'une tournée revisitant avec douceur le répertoire passé et présent de la Franco-Israélienne. Grâce lumineuse et cordes sensibles garanties cette semaine à la Rampe d'Échirolles.
Ce n'était qu'un concert surprise en juin 2015, né du désir de rencontre d'une chanteuse qui les multiplie, Yael Naïm, et d'un quatuor de chambre qui n'aiment rien tant que briser les barrières à coups d'archets. Au départ donc, forcément, un concert de presque rien ; trois ou quatre titres (bizarrement, aucun des protagonistes ne semble se souvenir du chiffre exact), presque improvisé. « On a travaillé un peu en amont, mais on ne s'est vraiment rencontrés avec le quatuor que le jour même. C'était super, c'est un quatuor classique très pointu et en même temps très ouvert, complètement rock'n'roll » explique Yael Naim.
Et quelque chose s'est produit qui n'était pas prévu. Quelque chose de magique. « J'ai rarement vécu une telle émotion dans un concert, on s'est vraiment sentis très chanceux d'être là. » Christophe Colette, violoniste du quatuor, d'ajouter : « Ce concert improvisé, sur le pouce, a été tellement magique qu'avec les membres du quatuor, on se surprenait à prendre autant de plaisir à écouter Yael qu'à jouer avec elle. » Le genre de moment pour lequel on aimerait pouvoir dire : j'y étais.
« Prolonger la rencontre »
Ça tombe bien, le couvert est remis en tournée pour quelques dates. Yael Naim : « On a eu envie de prolonger cette rencontre autour d'un set complet, de jouer des titres que l'on avait envie d'entendre avec ces arrangements. » Un travail effectué par l'entremise de Nicolas Worms, chargé d'adapter les chansons de Yael Naim tout en laissant la latitude suffisante au Quatuor Debussy pour exprimer son talent d'incontournable référence de la musique de chambre. Christophe Colette : « Ce qui est important, c'est de ne pas refaire en quatuor ce qui existe déjà. Pour Yael, trouver quatre excellents musiciens pour lui faire une plage sonore de cordes, il n'y a rien de plus facile. Mais si elle nous a choisis, c'est pour nos spécificités, notre son. »
Aujourd'hui, la magie continue d'opérer, même dépourvue de la beauté des premières fois. Et le public est au rendez-vous, les deux concerts échirollois étant complets. Yael Naïm : « La rencontre entre des univers différents suscite beaucoup de curiosité et attire justement des gens qui viennent de ces univers différents. Ça crée un crossover intéressant. Il y a là quelque chose qui fait marcher l'imaginaire des gens. » Christophe Colette : « Autant la première était une rencontre impromptue, autant là les gens semblent avoir confiance dans ce concept. Certains connaissent Yael, d'autres nous connaissent, ils découvrent. » Il ne reste que cela à faire avant de pouvoir dire pour de bon, cette fois : j'y étais.
Yael Naim et le Quatuor Debussy
À la Rampe (Échirolles) jeudi 12 et vendredi 13 janvier à 20h